🎂Ecrire une newsletter pendant un an : ce que j’ai appris et ce qu’il me reste à apprendre
On y est !!! Ma newsletter a un an aujourd’hui. 🎉 Joie émotion, fierté : le temps est passé si vite et en même temps, je réalise tout le chemin parcouru depuis la première lettre que j’ai envoyée...
…Car des changements, il y en a eu ! Alors voici tout ce que je voulais partager avec vous, que vous décidiez de lancer votre propre newsletter ou de rester seulement du côté de la lecture.

Je ne me souviens que vaguement du moment où j’ai réalisé que je voulais lancer une newsletter. Il y a eu plusieurs éléments qui se sont accumulés et qui ont fini par me convaincre que l’heure était venue pour moi de tenter l’aventure, mais il n’y a pas eu de moment précis. L’idée s’est ancrée lentement, mais durablement dans ma petite caboche. À l’image du développement d’une newsletter, au fond.
En réalité, je me suis tenue à l’écart de ce format pendant longtemps,. Pour moi, newsletter rimait (et rime encore trop souvent) avec du spam, des offres promos à gogos d’eshop auxquels je ne me suis jamais inscrite et qui m’envoient quand même leurs m*rdes. Et les quelques newsletters auxquelles je m’abonnais (pour me donner bonne conscience et me sentir « à la page ») finissaient irrémédiablement par tomber aux oubliettes.
😳
Mon changement d’opinion s’est opéré lorsque je me suis inscrite sur l’appli Substack qui promettait de centraliser toutes les newsletters auxquelles je voulais m’abonner (et qui sont rédigées depuis la plateforme, of course) sans rien recevoir dans ma boîte mail. Je trouvais ça formidable et beaucoup moins envahissant et j’ai donc commencé à en lire de cette manière. Je suis encore abonnée à quelques lettres de personnes qui ne passent par Substack, mais j’avoue que le confort de l’appli change beaucoup la donne.
L’algorithme de Substack est encore un peu maladroit, même s’il s’améliore de semaine en semaine. Il ne comprend pas toujours que nope, désolée, je ne suis pas bilingue en espagnol et peut-être que cette lettre a récolté 600 likes, mais je ne suis pas fichue de la lire !! ; ou encore que, vraiment, merci mais non merci, je n’ai pas besoin de conseils pour acheter 15 apparts qui me permettront de cumuler une rente de 8000€ par mois en faisant trimer des locataires pour qu’ils m’enrichissent jusqu’à la fin de mes jours parce qu’après 15 ans de bullshit job dénué de sens, la seule alternative qui existe doit être un slow life individualiste et capitaliste qui bénéficie toujours aux mêmes (cet exemple est véridique, j’en ai encore des palpitations).
Mais cet été, j’ai eu le plaisir de découvrir de nouvelles newsletters absolument formidables aux sujets passionnants et aux angles hyper intéressants (je vous les partage en toute fin de lettre, j’ai renoncé à les glisser à la fin de mon bric à brac estival qui était déjà très étoffé). J’ai souri en voyant bon nombre de nouveaux inscrits profiter de leur été et du ralentissement de juillet pour écrire leurs premières lettres, avec souvent beaucoup d’enthousiasme et d’excitation… et puis disparaître en août, sans doute pris par le tourbillon des vacances. Ils ne sont pas revenus pour la rentrée scolaire (mais de nouveaux inscrits, désireux de profiter de l’élan d’inspiration qu’offre souvent septembre ont pris leur place) et ils ne reviendront sans doute pas… et je n’en suis pas étonnée.
Parce qu’après un an d’écriture à un rythme assidu, j’ai conscience de tout ce que nécessite comme efforts et comme application de tenir une newsletter suffisamment régulièrement pour obtenir des résultats. Je ne parle pas forcément de résultats quantitatifs (même si on y reviendra), mais aussi et surtout de résultats qualitatifs (on y reviendra aussi, puisque c’est ça qui permet de se différencier, au final).
Après être restée dans les gradins pendant quelques semaines à lire les newsletters des autres avec envie, j’ai décidé de me lancer en septembre 2023. Le premier numéro devait paraître au tout début du mois, et puis ma rentrée n’a été qu’un tourbillon de travail, de to do list interminables et de stress du matin au soir. Finalement, le 20 septembre, je communiquais officiellement sur ce nouveau projet, avec une vidéo que j’ai publiée sur Instagram et sur Tik Tok et qui existe encore. Trois jours plus tard, j’envoyais ma première lettre, toute pleine d’appréhension et stressée. Mais très heureuse et fière de ce nouveau projet.
Depuis, je n’ai jamais arrêté, sauf cet été où j’ai finalement décidé de prendre une pause de huit semaines qui n’était pas prévue suite à l’ambiance politique aussi pesante que déprimante. Mais de fin septembre à début juillet, j’ai rédigé consciencieusement plus de 25 lettres. De septembre à janvier, je me suis tenue à un rythme de deux lettres par mois, ce qui était déjà un beau challenge. Et puis début janvier, après quatre mois à tâter le terrain, je me suis rendue compte que ce n’était pas suffisant pour vous raconter tout ce que j’avais envie de vous raconter (j’atteins déjà souvent la limite maximale par mail et vous devez alors cliquer sur le bouton tout en bas du message pour la lire en entier dans une page web1 🙈) et je suis passée à trois lettres par mois.
Encore plus de challenge, mais encore plus de fun ! Parce que même si c’est beaucoup de boulot, je ne gagne pas un rond avec cette newsletter (c’est bien pour ça que vous pouvez la lire gratuitement, hé) et donc c’est avant tout par plaisir que je la gère.
Les raisons qui me poussent à autant aimer tenir cette newsletter n’ont pas changé depuis le lancement, ce sont les points que j’aborde dans ma vidéo de lancement (qui a atteint quasiment 100 000 vues, donc je soupçonne que mes observations sont partagées par un paquet de monde) et qui reviennent dans ma première lettre =
· Arrêter d’être dépendante d’algorithmes capricieux qui provoquent des boosts de sérotonine autant qu’ils nous frustrent et dépriment
· Ne plus être limitée par un nombre de caractères et de slides qui forcent à tout synthétiser et à perdre en nuance et en développement
· Ne plus se plier à des formats, des sujets et des angles « vendeurs » que tout le monde reprend pour les oublier cinq jours après
· Favoriser le temps long autant durant le temps de création que le temps de parution afin d’éviter de tomber dans des automatismes chronophages qui ne font grandir et évoluer personne
Cette newsletter a tenu ses promesses en m’offrant tous ces avantages et j’en suis aussi heureuse que reconnaissante. Peu importe que je sois parfois fatiguée lorsque je me lance dans sa rédaction (souvent le vendredi soir à 22h, après une longuuuue semaine et comme vous le savez, il m’est parfois arrivé de la boucler aux aurores tellement j’avais de choses à dire 🤭), il est rare que je traîne des pieds pour l’écrire. Ou alors, ça ne dure que quelques minutes, le temps d’ouvrir mon fichier et de réaliser à quel point les mots glissent facilement sur le clavier. Ensuite, je me laisse enveloppée dans cette bulle rassurante : ici, c’est ma chambre à moi et Virginia Woolf n’a qu’à bien se tenir.
Je ne veux pas non plus vous faire croire que les newsletters sont un monde virtuel à part qui ne subit pas les mêmes problématiques qu’on retrouve un peu partout sur les réseaux sociaux. Sur Substack2 notamment, la question de la modération de certaines de leurs newsletters s’est posée dans les médias. Quant à l’appli, les utilisateurs adorent rédiger des notes pour expliquer à quel pooooint leur fil d’actu serait mille fois plus intéressant, positif, feel good et passionnant qu’un fil d’actu X ou Instagram. Moui. Sur Substack, il y a de tout, ce qui implique aussi des notes un peu creuses qui voient dans l’appli un nouvel eldorado type Linkedin bis (merci mais non merci) où ce sera à celui qui poste le plus pour attirer le plus de nouveaux abonnés. D’ailleurs, il paraît que Substack se tâte à développer le contenu vidéo (oh god, please, no).
Et pourtant, il est vrai qu’être sur une plateforme qui privilégie un contenu long, détaillé, fourni et qui se veut « riche » change la donne, au moins un peu. Je me sens plus rassasiée, souvent satisfaite du temps que je passe sur l’appli, et donc je finis par moins scroller. S’il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver des newsletters qui me correspondaient (autant en termes de sujets que de points de vue proposés) et que le contenu reste majoritairement anglophone (ça ne me dérange pas, mais je peux comprendre que ce soit un frein), j’ai désormais mes petites habitudes.
Bref, c’est tout bénéf.
Il y a quelques mois, Margot m’a demandé si je voulais partager en visio mes conseils pour développer une newsletter d’autrice.
J’ai été sincère et je lui ai répondu que je ne m’en sentais pas capable. D’abord, parce que je n’ai pas la fibre pédagogue quand il s’agit de parler longtemps devant un public. Il y a mon anxiété qui me joue encore des tours et j’ai tendance à digresser, à avoir du mal à développer mes idées… au final mon propos manque de fluidité et donc de clarté. L’exercice m’est aussi pénible qu’inconfortable et ça se ressent. Je laisse ça aux pros. 🤙
L’autre raison était aussi beaucoup plus pragmatique : pour pouvoir donner des conseils pour écrire une newsletter, encore faut-il avoir compris ce qu’on fait. 🤡 Et sur Substack, il y a encore des tas de choses que je ne comprends pas toujours. Je n’ai pas honte de le dire, parce que c’est aussi révélateur de mon amateurisme (technique, mais pas seulement). J’aime l’idée qu’Internet, les réseaux sociaux et tout ce qui s’en rapproche, n’ont pas à être occupés seulement par des pros. Bien sûr que c’est formidable de maîtriser toutes les facettes d’un sujet ou d’un passe-temps (le savoir, c’est le pouvoir ! comme on dit), mais on a aussi le droit de se lancer même quand on n’y connaît pas grand-chose. Il existe justement des plateformes pour ça, pour nous permettre de partager facilement, de susciter des échanges sans avoir besoin de s’arracher les cheveux. Bien entendu, ce que je dis ici a des limites (éthiques, notamment), mais quand on est dans ma position (d’avoir deux boulots qui bouffent beaucoup de temps), c’est un soulagement de pouvoir écrire et tenir une newsletter sans angoisser de devoir avoir le contrôle sur tout.
Certaines parties du back-office de Substack restent obscures, je ne suis pas satisfaite de tout ce que je produis, j’identifie assez mal pourquoi certaines choses fonctionnent mieux que d’autres. Bref, tout reste un peu flou, notamment parce que je n’écris pas une newsletter qui a un but précis, avec une ligne éditoriale parfaitement définie ou appartenant à une « niche », encore moins avec un objectif lucratif. Pour toutes ces raisons, elle est très personnelle, à mon image (enfin, à l’image de ce que je veux partager et montrer en ligne) et la façon dont elle se développe reste très organique et irrégulière.
Je fais tout à l’envers, mais voilà les leçons que je souhaite apprendre dans les années à venir :
· Être plus attentive à mes stats et globalement à toutes les datas qui remontent dans Substack
· Utiliser tout le potentiel de la plateformes et ses différentes fonctionnalités pour comprendre jusqu’où je peux aller
Néanmoins, même si je ne suis pas une pro, voici tout ce que je peux vous partager pour vous aider à développer votre propre newsletter. Car depuis le message de Margot, j’ai quand même pris un peu de recul et fait le point sur ce qui a fonctionné (ou non). Bien sûr, c’est très personnel. Comme je disais plus haut, cette newsletter ne cherche pas à développer un business et si c’est votre but, il vous faudra chercher des conseils ailleurs.
💡C’est peut-être la première leçon à retenir : il n’y a pas de newsletter type et il n’y a donc pas « une » recette magique pour gagner des abonnés
Au même titre qu’il y a des sites qui parlent de tout un tas de sujets différents, qu’il y a des comptes sociaux qui abordent des thématiques parfois opposées, toutes les newsletters ne se ressemblent pas et ne rentrent pas dans la même catégorie. Sans surprise, si certains conseils (assez évidents) peuvent se rejoindre, certains codes resteront très spécifiques selon ce que vous abordez. Ce conseil sera donc assez similaire à un conseil qu’on retrouve pour d’autres contenus extérieurs aux newsletters : apprenez à observer les newsletters que vous appréciez et à comprendre pourquoi car c’est la première étape pour vous permettre d’identifier ce qui fonctionne chez quelqu’un afin de vous en inspirer. Cela demande du temps, de lire régulièrement un contenu, de s’en imprégner, de le croiser avec d’autres contenus pour le comparer… Cependant, j’insiste sur le fait que ça ne signifie pas de copier la voisine pour autant (le plagiat c’est moche et ça finit toujours par se voir et donc à vous desservir)3.
💡Mon autre conseil sera tristement prévisible et rejoint le précédent : il faut être régulier
Ne vous lancez pas dans une newsletter si vous prévoyez de ne sortir qu’un numéro tous les six mois et que vous espérez pourtant fidéliser votre communauté avec un rythme aussi faible. C’est trop peu. OK, il n’y a pas besoin d’écrire quasiment une lettre par semaine comme je fais, mais il faut vous fixer un objectif réaliste et raisonnable.
Pour qu’on se souvienne de vous et de votre travail, il faut en parler régulièrement. Or, même si vous ne gagnez rien en écrivant une newsletter, c’est tout de même du travail (certes gratuit et agréable) : celui d’écrire pour partager vos mots avec d’autres personnes.
Donc, abordez le avec sérieux et pour l’aborder avec sérieux, il faut être régulier. CQFD.
💡Cette régularité est aussi ce qui vous permettra d’améliorer votre plume
Lorsque je dis que j’écris une newsletter trois fois par mois, en plus des romans que je publie (EN PLUS de mon travail de bureau, car bon, je suis un peu cinglée apparemment 🤡), on me demande si ce n’est pas « trop ».
Pas de panique, je suis bien organisée et j’adore cette bulle de respiration qui me permet d’avoir une occupation qui n’a pas « d’enjeux » (peu importe tout le temps que je mets à écrire mes lettres, je suppose que vous comprenez que je n’y porte pas le même attachement qu’à mes romans). Néanmoins, c’est aussi un formidable exercice.
Plus j’écris et mieux j’écris. L’écriture peut être comparée à une activité sportive = pour s’améliorer, il faut s’entraîner. Il n’y a pas d’autres choix que de pratiquer sans relâche. Et parfois, il faut savoir tester d’autres exercices pour gagner en puissance.
🏊♀️Prenons l’exemple de la natation : une nageuse olympique ne va pas seulement faire des longueurs pour améliorer ses performances, elle va aussi faire de la musculation à côté pour gagner en puissance. C’est la complémentarité de plusieurs activités (même si, bien sûr, la nage restera au cœur de l’entraînement) qui donnera de bons résultats.
J’écris chaque lettre avec beaucoup plus de fluidité et de facilité qu’un chapitre de mes romans, ce qui est logique : le style n’est pas le même, je ne suis pas en train de raconter une histoire et mon propos ne se suit pas sur plus d’une trentaine de chapitres (ce qui nécessiterait une certaine cohérence et rigueur). Et c’est cette position confortable qui m’aide à gagner en assurance pour mon roman. Puisqu’ici ma plume est plus facile à manier et que je n’ai pas de blocage, je peux bien plus facilement corriger/améliorer toutes les faiblesses et les petites pétouilles stylistiques sur lequel mon œil accroche. Et forcément, cela se répercute sur mes romans où ces blocages disparaissent et me laissent toute la place pour me pencher sur ce que je trouve plus délicat/challengeant à écrire.
💡Tenir une newsletter, c’est aussi trouver sa voix (ou voie, ça marche aussi)
J’ai eu beaucoup de mal à choisir quelle tonalité aborder en démarrant cette newsletter. Et je tâtonne encore. Sur Internet, « la voix » peut se matérialiser de plusieurs façons différentes selon le support qu’on choisit. Ce qu’il y a à retenir, c’est qu’elle est importante car elle permet de cerner la personnalité que vous souhaitez mettre en avant. Et forcément, dans une newsletter, c’est hyper important puisque vous transmettez des émotions (ou du moins un point de vue) via votre écriture.
Cette voix n’a pas besoin d’être forcément intimiste, ni hyper recherchée, ni impudique et encore moins ampoulée. Inutile d’en faire des caisses, mais elle doit être authentique et par-là, j’entends qu’elle doit vous correspondre. On doit pouvoir vous identifier en vous lisant, sentir que cette newsletter est différente parce que c’est la vôtre et que personne ne pourrait l’écrire comme vous. On doit vous retrouver entre les lignes, on doit partir à votre rencontre car c’est comme ça que la magie opère.
Au final, ça ne change pas beaucoup d’un autre travail d’écriture. Un bon travail journalistique doit aussi avoir une bonne plume, même s’il ne rapport que des faits. Un essai est palpitant lorsqu’il sort des styles aseptisés trop techniques qui sont malheureusement récurrents. Un roman, même quand il raconte une histoire complètement imaginée à des années lumières de notre monde, doit nous donner envie de découvrir le reste de ce qu’un auteur/une autrice a écrit. Parce qu’au final, ce qu’on cherche à travers les pages, c’est lui/elle : son style, sa patte, sa signature.
Il y a quelques lettres dont je suis très fière (et d’autres moins, c’est le jeu quand on écrit régulièrement). Celles dont je suis la plus fière sont celles où j’ai mis un bout de moi et où j’essaie, par une expérience personnelle, de créer un lien avec la personne qui me lit. Je ne sais pas si ça marche toujours, mais j’essaie et c’est le principal.
De septembre à décembre, j’ai fait pas mal de tests : j’ai dédié des lettres à des sujets très spécifiques, parfois avec une promesse dès le titre, d’autres fois de façon plus nébuleuse, et j’ai fait des comparatifs pour voir ce qui marchait le mieux (de mon côté niveau écriture, et aussi côté lectorat en suivant un peu mes stats). Cependant, je trouvais ces lettres encore trop longues et fouillies car je mélangeais des sujets sur le temps court et d’autres sur le temps long. L’ensemble était trop confus à mon goût.
À partir de janvier, j’ai voulu « rubriquer » histoire de m’y retrouver. C’est comme ça que j’ai eu l’idée des lettres « bric à brac » qui me permettent d’aborder tout ce que j’ai aimé durant le mois passé autant d’un point de vue culture que lifestyle. C’est une parenthèse un peu légère (enfin, ça dépend de ce que j’y raconte) et que j’adore car elle me permet de garder une trace moins éphémère qu’en stories Instagram. C’est aussi un fil rouge, un rendez-vous qui ne change pas qui devient une habitude. On sait ce qu’on vient y chercher et on sait ce qu’on va y trouver.
Une fois que j’ai mis toutes les recos à part, j’ai réalisé que je pouvais consacrer chacune de mes lettres aux autres sujets qui me tenaient à cœur. J’ai essayé une structure un peu rigide (et assez répandue) : parler de l’écriture en général (puisque c’est ma passion numéro 1) et puis de mon écriture (mon actualité, etc). Mais j’ai fini par me sentir prisonnière parce qu’il y a tellement de sujets qui inspirent mon écriture et qui mériteraient qu’on noircisse des pages entières que c’en était frustrant.
Je ne sais plus exactement quand le changement s’est opéré, mais je sais qu’un jour j’ai décidé d’aborder mes lettres comme une histoire. Ou plutôt un récit.
Ici, je veux vous raconter quelque chose. Ce qui m’inspire vient toujours d’une expérience personnelle : une découverte, une observation, une rencontre, un événement (triste, joyeux, traumatisant, beau), une interrogation.
Et je pouvais vous embarquer avec moi, vous en faire part, vous intégrer dedans qu’on déroule le fil ensemble.
Et ça a l'air de vous plaire.
Et de marcher.
Parce que c’est ça qui me permettra de garder le lien avec toutes les personnes qui me lisent : peu importe pourquoi elles me lisent, comment elles sont arrivées ici, leur âge/leur métier/leur profil/leur(s) centre(s) d’intérêt. Après tout, ma vie n’est pas plus passionnante que ça. J’ai 30 ans, je vis à Paris et j’écris des bouquins. Voilà, voilà. Si on peut éventuellement s’identifier à moi, il y a des tas de raisons pour lesquelles on ne peut pas. Alors je ne cherche pas à ce qu’on s’identifie à moi, par contre j’aspire à ce qu’on trouve des points d’accroche et qu’on ne les lâche pas.
Je n’ai pas encore une complète satisfaction de ce que j’écris, mais j’essaie au maximum de garder cet objectif quand je rédige une lettre. Je vais de plus en plus développer cet angle pour l’année à venir et ça risque aussi d’influencer mes lettres « bric à brac » parce que c’est la tonalité que j’aime le plus. Je ne suis même pas sûre que vous remarquerez le changement, mais moi je le sens, et c’est le plus important.
C’est un exercice long et lent que de s’améliorer en écriture. Et parfois, ça ne marche pas toujours, mais c’est le jeu. Je n’attends pas d’être satisfaite de tout ce que j’écris pour le publier (sinon, je publierais jamais rien). Par exemple, cette lettre que je suis en train de vous écrire ne me donne pas entière satisfaction (elle n’a pas totalement la tonalité que j’aimerais, mais son contenu se veut aussi didactique, donc c’est compliqué de trouver le juste milieu), mais je suis quand même contente de pleins de choses que j’y ai écrit (notamment sur les mots que je pose et les observations que j’en tire).
Ce dernier point est important parce que c’est aussi un élément à prendre en compte : écrire une lettre, c’est délivrer quelque chose à quelqu’un. Ce « quelque chose » peut être une histoire, une expérience, un conseil, un bon plan, un bon moment, mais en tout cas, il y a une promesse qui nous attend à la fin de la lettre. Quand on écrit, il faut avoir cet objectif en tête pour être certain de ne pas le perdre en cours de route. Un contenu trop creux et vide, réalisé à l’arrache et qui ne dit pas grand-chose, c’est dommage. Et le problème, c’est que ça peut arriver même sans faire exprès… parce qu’on a du mal à se rappeler qu’il faut se mettre à la place du lectorat, comme dans n’importe quel message qu’on rédige.
C’est pour ça que je suis aussi adepte de mes « wiki-how », des lettres très riches et étoffées, où on en ressort avec quelques outils pour créer de son côté. Je ne fais pas ces lettres très souvent car elles demandent beaucoup de temps de rédaction et ce ne sont pas celles où ma plume est la meilleure (j’y travaille ok). Mais je sais qu’elles apportent d’autres bénéfices et qu’elles sont intéressantes pour des abonnés car utiles. La lettre d’aujourd’hui en est un exemple.
💡Tenir une newsletter, c’est faire l’éloge de la lenteur
Parce qu’on propose un contenu long, qui se lit « à part » (par mail, sur une appli) auquel on n’accède pas entre deux vidéos LOL de 15 secondes, rares sont les croissances exponentielles. Encore plus dans le monde francophone où les newsletters ne sont pas autant lues que celles de nos compatriotes anglophones (eh oui).
Cet été, j’ai vu pas mal d’utilisateurs Substack comparer l’appli à un nouveau Myspace, un nouveau Tumblr ou même aux blogs des années 2000-2010. J’ai vu d’autres personnes comparer Substack à Pinterest parce qu’elles ressentaient la même satisfaction et tranquillité que lorsqu’elles contemplent de jolies photos là-bas. Je ne suis pas sûre que ces comparaisons soient forcément exactes, j’y ai surtout lu la frustration de millenials qui ont connu une temporalité en ligne beaucoup moins enclavée dans des bulles informationnelles et moins influencée par les algos et qui en sont nostalgiques. Cependant, je comprends l’idée : quand on s’abonne à une newsletter, on cherche rarement à s’en abonner à 50.
Lire une lettre, c’est souvent long, ça demande du temps, de la concentration et de l’implication. On s’engage beaucoup plus qu’en regardant une story Instagram.
Forcément, la valeur d’un abonné d’une newsletter est bien plus importante et grande que celle d’un abonné Instagram (qui a lui-même plus de valeur qu’un abonné Tik Tok pour les mêmes raisons, mais bon, ce n’est pas le sujet 😉).
Si vous étiez habitués à avoir 10 000 abonnés sur Instagram et que vous espériez récolter le même chiffre simplement en faisant la pub de votre newsletter sur vos réseaux sociaux, vous risquez de déchanter. Surtout si votre newsletter n’a pas de « promesse » ou d’axe business précis qui permettent d’actionner les leviers marketings classiques.
Je ne partage quasiment plus ma newsletter sur Instagram (en tout cas, avec beaucoup moins d’insistance) parce que j’ai fait le tour des personnes qui pouvaient être susceptibles de s’y inscrire. Lors du lancement, à peu près 800 personnes se sont abonnées dans les heures qui ont suivi (sur 16 000 abonnés Instagram à l’époque environ, lorsque mon compte n’était pas encore complètement à l’abandon 🤪). Dans les mois qui ont suivi, j’estime qu’il y a environ 500 autres personnes qui se sont abonnées lorsqu’elles ont réalisé que cette newsletter n’était pas seulement une lubie passagère. Le reste s’est fait par le bouche à oreille (la base qu’on néglige trop souvent), les recommandations Substack (un vrai levier à ne pas oublier) et les notes via le fil d’actu de l’appli.
Au total, ma newsletter est suivie à date par 2400 personnes et j’en suis très contente. Ce n’est pas extraordinaire ni exceptionnel, mais je trouve ça trop chouette. 🫶Il m’arrive d’avoir des « pics » fulgurants qui viennent de je ne sais où, mais j’évite de m’enthousiasmer car je sais qu’il y a aussi beaucoup de curieux qui repartiront très vite. Tant pis, c’est le jeu.
En écrivant tout ça, je réalise tout ce que j’ai compris des newsletter en douze mois. Alors peut-être que je me perds encore trop souvent sur Reddit pour essayer de comprendre certaines datas, mais je ne suis pas non plus trop à côté de mes pompes.
✉️Les newsletters que j’aime lire (abonnez-vous, c’est un ordre !)
Quand j’ai commencé à m’abonner à des newsletters, je ne pensais pas que je prendrais autant plaisir à lire les mots de personnes que je ne connais qu’à travers un écran et dont je ne vois pas le contenu tous les jours (on est loin d’une présence quotidienne qu’impose Instagram par exemple, les relations parasociales sont donc plus limitées). Mais Substack, c’est aussi un moyen de faire de chouettes rencontres.
Je pense notamment aux lettres de Pauline Mauroux dans sa newsletter Tchik Tchak, qui est scénariste et qui propose des conseils d’écriture clairs, concis, concrets et avec une vraie valeur ajoutée. Le regard d’experte qu’elle pose sur cette discipline et le fait qu’elle partage tout ça gratuitement me donne espoir dans ce qu’Internet offre comme contenus.
Je pense aussi à celle de Louise Hourcade, dont les lettres m’ont beaucoup motivé à écrire les miennes. J’adore ses mots, sa manière de capturer le quotidien ou de s’interroger sur certains sujets et de nous les partager.
Je lis aussi avec curiosité les lettres d’Alexandre Courbin, qui rêve de devenir auteur publié, et qui a toutes les qualités pour le devenir lorsque je vois le recul qu’il a sur ce qu’écrire nécessite.
Dans un autre registre, si vous avez besoin de conseils d’experte ++ pour développer une newsletter (avec l’ambition d’en vivre), ne manquez pas les lettres régulières de Emma Gannon sur le sujet : ce n’est pas le seul sujet qu’elle aborde, mais elle en publie sur cette thématique à peu près une fois par trimestre, elles sont payantes, mais archi complètes et utiles.
Et puisque j’aborde le sujet des newsletters payantes, j’en profite pour repréciser que ma newsletter n’a pas vocation à devenir payante. Peut-être qu’un jour j’y réfléchirais pour des tas de raisons qui ne seront pas seulement d’ordre pécunier, mais ce n’est pas son but premier et pas non plus son but final. Je sais, je reste très vague, mais je n’ai pas grand-chose à dire de plus par rapport à cette question déjà revenue à plusieurs reprises. Elle est gratuite et à l’heure actuelle, ça me convient très bien. 😊
Je vous le disais un peu plus tôt dans cette lettre, mais j’ai lu cet été beaucoup de lettres formidables sur Substack, en voici quelques-unes (sans ordre particulier) :
💣Découverte par hasard un soir où je scrollais l’appli, l’incroyable enquête de Anne Helen Petersen sur les sororités et fraternités de l’Université d’Alabama : Partie 1, Partie 2, Partie 3, Partie 4, Partie 5 (JE VEUX UNE SERIE TV MAINTENANT !)
Deux lettres en français (ça change !) :
Mais où sont passées les bonnes séries ? de Marie Telling
Wine politics : de ce qu’écrire sur le vin veut dire de Sand
Et pleins d’autres, sur des sujets très variés :
Why Reading Online Reviews Of Your Book Will Lead You Nowhere Good de Tom Cox
Notes on travel de Sofia Efthimiatou 🩷
When the collective taste doesn’t include you de Corinne Fay 🩷
Art isn't allowed to take up space anymore d’Annika 🩷
I’m tired of scrolling toujours d’Annika
The end of your extremely online era de Tommy Dixon
I regret what’s in my camera roll de Totally Recommend 🩷
Becoming a meme ruined my life d’Anuhea
oh so you're a thought daughter now? should i call joan didion? de Sarah Cucchiara 🩷
girls being girls: girl hobbies, consumerism, and the 24-year-old teenager toujours de Sara Cucchiara
How the f💰💸k is everybody living like this? de Azora Zoe Paknad🔒
The culture you keep mourning is very much alive de Viktoriia Vasileva 🩷
I don’t like the movies you like and it’s not personal d’Andrew Powers
The woman journalist industrial complex de Madison Huizenga
I always wanted to quit Instagram, then it quit me de Daisy Buchanan
On wanting more from fashion influencers de Viv Chen 🔒
I don’t know what feminism means anymore de Sara Petersen🔒
I’m smart and I need everyone to know it de Luisa 🩷
In search of cool de Helena Aeberli
C’est le cas de cette lettre, btw !
Que se passe-t-il avec la plateforme Substack et les nazis ? A lire sur Numerama : https://www.numerama.com/politique/1597194-que-se-passe-t-il-avec-substack-et-les-nazis.html
Fun fact : quand j’ai commencé à écrire cette newsletter, j’ai remarqué que plusieurs personnes utilisaient le même type d’introduction pour débuter leurs lettres. Pensant que c’était une règle implicite pour s’intégrer à Substack, je l’ai repris, avant de découvrir que cela venait d’une seule créatrice qui trouvait assez frustrant qu’on reprenne sa méthode !
Bravo pour cet anniversaire, tu peux être joie et fierté, c'est incroyable et je suis très admirative de ton travail. Merci pour cette longue lettre qui donne de nombreuses pistes pour garder le cap de l'envoi hebdomadaire.
Je découvre ta newsletter depuis peu, qui, je dois dire m’inspire autant qu’elle m’intimide. Tu as une très belle plume 🪶, j’aime beaucoup ton style. J’ai commencé à écrire sur Substack il y a près de 6 mois, et l’exercice d’écriture est gratifiant : je trouve qu’on progresse plutôt rapidement :)