🍝 J'ai mangé des pâtes tous les jours
Aujourd’hui on parle de vacances, de selfies devant les monuments et des files d’attente devant les restaurants.
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👋 Je suis Sophie Gliocas, une millenial de 30 ans, qui est née et qui vit (avec son chat et son amoureux) à Paris. Le jour, je travaille dans la communication social media et la nuit, j’écris des livres que vous retrouvez ensuite en librairies.
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🍉 Avant de commencer la lecture de cette lettre,
J'ai une annonce à vous partager :
Je participe à la vente aux enchères MelonBooksForGaza qui vient en aide à des familles palestiniennes (tout est expliqué sur le site et le compte Instagram). J'ai mis en vente les 4 tomes (en grand format) de ma saga Les Enchanteresses et tous seront dédicacés ! Donc, si vous voulez faire une bonne action, il ne vous reste plus qu’à participer en cliquant ici.
J’ai l’impression que je n’ai pas écrit par ici depuis une éternité alors qu’il s’est écoulé la période habituelle entre chaque newsletter, à savoir seulement deux semaines. Mais il se pourrait que je sois partie en vacances et qu’elles aient eu l’effet escompté : au bout de trois jours, je ne savais plus quel jour de la semaine nous étions et le retour à Paris m’a arraché l’habituel soupir de satisfaction (« enfin, la maison ! »).
Et pourtant, je ne suis pas partie très loin ni très longtemps puisque je me suis envolée seulement pour une petite semaine en direction de l’Italie et plus précisément à Rome.
La première fois que j’ai mis les pieds dans cette ville, j’avais 13 ans, j’étais en 4e (j’anticipe, j’ai sauté une classe) et c’était avec toute ma classe de latinistes.
17 ans.
Rien que de l’écrire, j’ai le vertige.
Je me souviens comme si c’était hier du soleil chaud qui tapait sur les pavés (alors que nous n’étions qu’en mars), du sol poussiéreux du forum romain, de mon émerveillement en entrant au Vatican et l’impression de croiser à chaque coin de rue des prêtres et des bonnes sœurs. J’étais rentrée de ce voyage absolument enchantée.
Lorsqu’avec mon copain nous énumérons nos voyages respectifs et les villes que nous avons aimé au point d’y penser régulièrement, Rome revient souvent dans la discussion. Lui aussi l’a découverte au collège avec ses camarades de classe de 3e.
Alors que nous ne cherchons pas forcément à retourner dans les villes que nous avons pourtant aimé découvrir (le monde est si vaste que je préfère en explorer de nouvelles), nous avons convenu que celle-ci ferait partie des capitales que nous aimerions sillonner en couple.
La dernière fois que nous sommes venus en Italie remonte à près de trois ans, à l’occasion d’un mariage ayant eu lieu au Lac d’Orta. Après un week-end émouvant au milieu d’un paysage sublime, nous avons pris le train et sommes partis une semaine buller au Lac de Côme. Nous avons passé nos journées à nous baigner dans une eau fraîche et à siroter des Spritz en terrasse. Bref, l’Italie est un pays splendide et toute occasion est bonne pour y retourner.
Début 2024, nous voilà donc à réserver nos billets d’avions ainsi que notre chambre d’hôtel en plein cœur de Rome. Les mois qui suivent, je trépigne et, lorsque le mois de mai arrive, je suis même fébrile. Mes dernières (vraies) vacances remontent à Noël et mon précédent voyage à Octobre lorsque nous nous sommes envolés pour Montréal. Je commence à avoir la bougeotte, peut-être parce qu’entretemps j’ai sorti mon quatrième roman, j’ai eu 30 ans et que le travail s’est accumulé au bureau. J’ai besoin de changer de décor et de couper les notifications de mon téléphone portable.
Le lendemain du concert de Taylor Swift (*on en reparlera une prochaine fois*), nous filons à Orly, nos valises débordant de vêtements légers (la météo était clairement plus estivale qu’en France) et nous atterrissons quelques heures plus tard sur le sol romain. Dans mes bagages, j’ai emporté cinq livres (je n’en lirais que trois), ma tablette (pour qu’on termine de regarder Succession *on en reparlera plus tard aussi*), trois tubes de crème solaire qu’il faut vite terminer avant qu’ils ne périment ainsi qu’un appareil photo jetable (mon péché mignon).
Notre hôtel (tout à fait charmant) se situe à l’étage d’un modeste immeuble en pierres et notre chambre donne sur une cour que la lumière du jour arrive à peine éclairée. L’atmosphère y est lourde, presque moite, le bruit des discussions des chambres voisines s’échappent à travers les fenêtres entrouvertes et se réverbèrent sur les façade. Si je ferme les yeux, j’ai l’impression d’être dans une scène de L’Amie prodigieuse d’Elena Ferrante, la misère napolitaine des années 50 en moins (bon, okay, ça change tout).
Une fois installés dans notre chambre, nous partons nous dégourdir les jambes dans le centre historique qui n’est qu’à une dizaine de minutes à pieds.
Mes yeux sont à l’affût de la moindre trace (un immeuble, une rue, une boutique) qui me renverrait 17 ans plus tard. Mais rien. Trop d’années se sont écoulées et tout m’est inconnu. La seule chose qui m’est familière est le monde. Je me souviens de cette masse de touristes qui me frôlent, me bousculent, les langues différentes qui se mélangent, s’interpellent. À 13 ans, cela m’avait déjà frappé aux yeux (moi qui avais l’habitude de partir en vacances dans des lieux très tranquilles car mes parents ne supportent pas les bains de foule) et je ne suis pas étonnée que cela n’ait pas changé. Rome n’est pas la seule ville à subir l’afflux de curieux : à Florence, à Venise et à Milan, j’ai vécu la même chose.
Lorsque nous déboulons devant la Fontaine de Trevi avec nos glaces à la main, la cohue est toujours là, massée devant la falaise sculptée. Je ne suis même pas surprise. Il y a 17 ans, y circuler était déjà un véritable enfer en heure de pointe. Il est actuellement 18h30 et les touristes se prennent en photo agglutinés les uns contre les autres1. Je ne ferais pas exception, j’ai envie d’immortaliser cette première heure à Rome. Alors que Geoffroy dégaine son appareil photo à l’objectif aussi long que mon avant-bras, j’avise un bâtiment à l’angle, une église de style baroque éclairée par le soleil chaud de la fin de journée2. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Une image jaillit dans mon esprit. J’ai 13 ans et je suis assise sur les marches qui mènent à l’entrée, sac à dos sur les épaules et Converses aux pieds. Ça y est, ma mémoire revient.
Nos sept jours à Rome peuvent se résumer à ça : une perpétuelle chasse au trésor cérébrale entre ce qui tenait du voyage dans le temps et ce qu’il me semblait n’avoir jamais vu auparavant à part dans un film ou sur Internet.
Avant de partir, je me demandais si Rome me ferait le même effet qu’étant adolescente, à l’époque où c’était la première fois que je partais à l’étranger sans mes parents. Il y a des choses qui ont changé, bien sûr. D’abord, mes goûts se sont forgés et je sais que les villes méditerranéennes ne sont pas forcément mes préférées car je suis sensible à d’autres styles d’architecture. Mais Rome garde une place particulière dans mon cœur. Cette ville fourmille de surprises, elle est un vivier historique inépuisable. Admirer des ruines en plein centre-ville, en toucher les pierres, les fouler de nos pieds… quelle chance !
Récemment, j’ai appris que Paris n’est jumelée qu’avec Rome et voici leur devise : « Solo Parigi è degna di Roma, solo Roma è degna di Parigi » (Seule Paris est digne de Rome ; seule Rome est digne de Paris). Alors, bien sûr, on pourrait considérer que nous sommes bouffis d’orgueil des deux côtés, mais il est indéniable que ces deux villes respirent l’Histoire, la culture et l’art.
Rome est splendide. Elle est belle parce que son soleil brille de mille feux ; elle est belle parce que certains de ses quartiers renferment encore un charme pittoresque ; elle est belle parce qu’on prend plaisir à se perdre dans ses ruelles étroites, à capturer les accents toniques de la langue italienne et qu’on ne se lasse pas de la cordialité des romains.
Et pourtant, retourner dans cette ville 17 ans plus tard, m’a fait prendre conscience d’à quel point le tourisme a changé.
J’aime voyager, je le fais régulièrement et si j’avais réalisé (comme tout le monde) comme nos pratiques dans ce cadre ont évolué, comparer une ville qu’on a connu à deux périodes si éloignées entre elles permet d’en mesurer l’ampleur.
Avec Geoffroy, nous étions mentalement préparés à la foule qui nous attendait : nous avions réservé nos billets pour certaines visites parfois deux mois à l’avance et cela ne nous a pas empêchés de nous arracher les cheveux car les pass les plus intéressants étaient déjà sold-out. Bref, nous avions vite compris que nous ne serions pas seuls sur place (nous ne l’étions déjà pas quand nous y étions allés chacun la première fois !). Bien sûr, nous aurions pu éviter les monuments ultra célèbres et populaires, mais nous avions envie de retourner dans des endroits que nous n’avions pas vu depuis près de deux décennies. La nostalgie a ses raisons que la raison ignore.
Je ne vous apprends rien, ce tourisme de masse a des causes multifactorielles. Pour n’en citer que quelques-uns : l’essor des classes moyennes dans certains pays qui amènent de nouvelles populations à voyager plus souvent qu’avant, le boom de l’aviation low-cost qui permet de sillonner le monde entier à des prix parfois plus bas que le train (ce n’est pas moi qui le dis mais la dernière lettre de Plan Cash) et, sans surprise, les réseaux sociaux qui nous font découvrir des endroits dont parfois nous ne soupçonnions même pas l’existence.
Je ne suis pas différente des autres touristes : il m’est arrivé de choisir ma prochaine destination pour les vacances en tombant sur des vidéos Instagram absolument splendides. J’ai découvert les Îles Lofoten grâce à des photos de voyageurs et j’ai sauté le pas pour l’Île de Côme grâce aux stories de plusieurs influenceurs. En plus d’Instagram, j’ai grandi avec Tumblr et Pinterest. Les clichés « aesthetics » comme on les appelle, parfois loin de la réalité sur place, y sont monnaies courantes. Et je dois même avouer qu’il m’est arrivé de reproduire quelques photos (avec mon portable ou un appareil) que j’avais pu trouver inspirantes.
Alors, bien sûr, je n’en suis pas au point de mettre de longues robes colorées pour qu’on me filme de dos, maaais j’aime garder des souvenirs d’un lieu, d’une journée (que ce soit moi ou mes amis sur la photo) et je ne m’en prive pas. Je ne suis pas non plus dupe et je double-check toujours un endroit qui me semble trop beau pour être vrai afin de savoir jusqu’à quel point les réseaux sociaux déforment la réalité3.
J’ai également quelques limites : je ne ferais jamais la queue pour me faire prendre en photo ; je préfère passer mon chemin si trop de gens s’agglutinent à un même endroit pour être photographiés ; et, bien entendu, je viens avant tout pour visiter ce qui fait qu’avant de photographier le lieu où je me trouve, j’aime prendre le temps de l’admirer.
Pour toutes ces raisons, il m’est donc arrivé d’être refroidie par le comportement de certains touristes durant notre séjour. Pour Geoffroy qui se crispe très vite lorsqu’on le bouscule, c’était encore plus difficile. Si je déteste la foule, j’ai tendance à me raisonner en me disant qu’il ne sert à rien de paniquer et qu’il faut prendre son mal en patience4. De son côté, Geoffroy a plus de mal avec le manque de savoir-vivre des touristes qui n’hésitent pas à vous marcher sur les pieds et à jouer des coudes parce qu’ils considèrent que leur selfie dans le Colisée passe avant le bien-être de ceux avec qui ils partagent l’espace.
Je peux comprendre qu’on vive ces moments (surtout quand il fait chaud et qu’il y a du bruit) comme une forme de violence voire d’agression.
Il est vrai que je ne vais pas forcément dans les lieux les plus bondés lors de mes vacances. Pour reprendre le cas de la Norvège : si le tourisme a connu un gros boom dans les Îles Lofoten, l’afflux reste raisonnable (quoique, pas forcément pour la faune et la flore qui ne sont pas adaptés à autant de randonneurs). Autre exemple, j’ai visité New York, une ville connue pour être prise d’assaut, mais je l’ai fait en plein mois de janvier alors qu’il faisait -15°C et que ses propres habitants n’avaient pas spécialement envie de traîner dehors. En été, j’ai tendance à partir dans des pays comme l’Ecosse plutôt que sur la Côte d’Azur5 (je supporte mal la chaleur, j’ai des poussées d’eczéma dès que le mercure dépasse les 25°C). Enfin, je n’ai pas d’enfants, ce qui fait que je peux réserver hors périodes scolaires. Autant dire que me retrouver en plein mois de mai au milieu de milliers de touristes (français qui plus est haha !) avait quelque chose d’un peu perturbant.
En écrivant cette lettre, je ne sais pas comment me positionner. Après tout, je fais partie du problème. Moi aussi je viens visiter ces lieux. Et moi aussi j’aime faire des photos sur place (de moi ou des bâtiments ou des deux ensemble) ! Moi aussi je recherche le besoin de changer d’air, de « déconnecter » comme on dit. Mais nos usages de la photo sur place m’interrogent tout de même. Pourquoi oublions-nous tout ce qui nous entoure quand il s’agit de faire la photo que nous pourrons poster sur les réseaux sociaux ?
Pierre Bourdieu a écrit sur la pratique de la photographie et les normes qu’elle revêt selon les catégories sociales (et j’ai à peu près oublié tout ce qu’il a dit sur le sujet car, bon, écoutez, j’ai terminé la fac il y a 8 ans). Depuis l’écriture de son essai Un art moyen, Essai sur les usages sociaux de la photographie en1965, bien des choses ont changé, mais force est de constater que les raisons pour lesquelles nous photographions et comment nous photographions disent beaucoup de nous.
Lorsque je me promène le long du Tibre et qu’une touriste non loin de moi se met à enlacer un tronc d’arbre ( ??) au bord d’une route où les voitures passent à toute vitesse derrière elle tandis que son amie la prend en photo et que je souffle très fort par le nez6, je me doute que son usage de la photographie -et ma réaction à cet usage- en disent autant sur elle que sur moi. Également, lorsque Geoffroy dégaine son appareil photo aussi gros que celui d’un paparazzi et que les touristes autour s’abstiennent de passer devant l’objectif et préfèrent le contourner, alors qu’ils n’ont aucun problème à passer devant l’objectif d’un modeste téléphone portable (ce que j’utilise), c’est la même chose.
Mais, tout de même.
Impossible de ne pas remarquer que ce besoin de se photographier et de se mettre en scène nous pousse à agir de manière aussi absurdes qu’égoïstes. Certains se plaisent à rétorquer que tant que les gens ne font pas grand-chose de mal alors on peut bien les laisser faire leurs photos en paix.
Pourquoi pas, mais le raisonnement est faux puisque ces comportements ont bel et bien des répercussions.
J’ai en tête le célèbre champ de coquelicots aux Etats-Unis qui s’est retrouvé massacré à cause de touristes bien décidés à avoir leur selfie pour Instagram. Je pense aussi à quelques articles de journalistes encore abasourdis par leurs randonnées dans les Dolomites et en Colombie-Britannique qui sont devenues des attractions pour aspirants influenceurs et impactent la biodiversité.
Sans compter les effets sur nos rapports aux autres qui nous entourent. Personnellement, je ne crois pas que la politesse soit forcément des codes de petit bourgeois étriqués. C’est aussi une manière de faire savoir à l’autre qu’on a noté sa présence et qu’on la prend en considération.
Durant notre propre séjour, alors que nous visitions le Vatican, notre guide a dû (à plusieurs reprises !) rappeler à l’ordre des visiteurs qui s’empressaient de se photographier dans des lieux où c’était interdit et qui préféraient alors tourner les talons plutôt que de prendre le temps d’admirer où ils se trouvaient. Alors que je me trouvais dans la Basilique Saint-Pierre et que j’admirais la Colombe du Saint-Esprit (un véritable bijou pour les yeux qui m’a laissé bouche bée), plusieurs touristes m’ont bousculé afin de me faire comprendre qu’il était temps pour moi de bouger. La raison ? À la différence d’eux, je ne prenais pas de photos. Je me contentais d’admirer et c’était visiblement insuffisant pour avoir le droit de m’éterniser.
Le comble de l’absurde a été atteint lorsque j’ai voulu faire découvrir à Geoffroy le célèbre trou de serrure de la Piazza Cavalieri di Malta.
Pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle, il s’agit d’un « secret » que se partagent les romains depuis trèèès longtemps. En glissant votre œil dans la serrure du bâtiment numéro 3, vous pourrez y admirer la Basilique Saint-Pierre au loin. Pour que vous compreniez à quel point cette vue est aussi superbe qu’insolite, je vous invite à regarder sur Google.
J’ai un souvenir très ému lié à ce lieu.
Si j’ai oublié bien des choses de mon premier voyage à Rome, celui-ci est resté intact. Alors que j’étais posée avec le reste de ma classe au Jardin des Orangers, c’est ma prof de français et de latin, Mme P., qui m’avait fait signe de la suivre avec deux autres élèves. Elle voulait nous montrer un secret, mais elle ne pouvait pas le montrer à toute la classe. « On n’a pas le temps, ça prendrait des plombes ! ». Mme P. s’est mise à marcher très vite et elle nous a demandé d’accélérer le pas. « Dépêchez-vous avant que des gens vous voient, a-t-elle soufflé. Il faut que je vous transmette ce secret. Vous verrez ça vaut le détour. »
Une fois arrivées devant la serrure, elle m’a demandé de me pencher et d’y glisser un œil. J’ai cru qu’elle se moquait de moi jusqu’à ce que je vois son propre regard qui brillait et son sourire jusqu’aux oreilles. « Fais vite ! Fais vite ! »
J’ai obéi.
Et j’ai été ébahie par ce que je voyais. Je me souviens encore de mon émerveillement et de mon excitation. Je l’ai regardé plusieurs fois de suite avec l’impression qu’on me confiait quelque chose de précieux et de rare. Nous sommes ensuite retournés auprès du reste de la classe et bien sûr j’avais juré à Mme P. de ne pas en parler aux autres élèves afin de ne pas faire de jaloux.
Quand j’ai organisé notre séjour à Rome, je savais que je voulais absolument montrer ce trou de serrure à Geoffroy. J’adore planifier mes voyages, cela permet justement d’anticiper les mauvaises surprises comme les files d’attente interminables et les créneaux déjà remplis. Et j’aime particulièrement ajouter des petites découvertes marrantes et insolites qui rendent le séjour un poil atypique.
Forcément, je me doutais que ce fameux trou de serrure ne devait plus être si secret que ça. Si Mme P. le connaissait il y a 17 ans alors qu’elle n’avait jamais vécu à Rome, c’est qu’il se transmettait déjà à l’époque. J’ai donc retrouvé très facilement sa localisation (merci Internet).
Cependant, je ne m’attendais pas à ce qu’en plus de quinze ans, il y ait une file d’attente de près d’une heure pour pouvoir jeter un simple coup d’œil ! Et si vous pensiez qu’il y a des centaines de personnes qui attendent juste pour regarder quelques secondes, détrompez-vous.
En réalité, les gens essaient de prendre la Basilique Saint-Pierre en photo avec leur téléphone portable et c’est ce qui prend une éternité. Il faut le voir pour le croire : toutes ces personnes qui ne daignent même pas glisser un œil pour admirer la vue, qui dégainent immédiatement leur objectif, qui le collent à la serrure… et qui s’étonnent que le rendu soit tout pourri (on parle d’un f*cking trou de serrure avec un monument qui se situe à des kilomètres, comment voulez-vous que ça rende bien ?!). Forcément, ils essaient encore et encore jusqu’à obtenir un résultat médiocre et ils s’en vont… le nez toujours collé sur leur écran. Cela doit bien leur prendre cinq minute chacun.
Une fois dans la queue, je bouillonnais de frustration. Comment expliquer à Geoffroy que je voulais qu’il glisse un œil dans cette serrure, qu’il devait me croire, que c’était un moment d’une beauté inégalable… et qu’en même temps nous devions poireauter pendant une plombe parce que des gens n’avaient pas compris que ce qui comptait ici n’était pas la photo, mais l’expérience ?!
J’avais l’impression d’en faire trop, de réagir de manière excessive, jusqu’à ce que nous nous mettions à discuter avec le couple de touristes devant nous dans la queue. Ils devaient avoir près de 60 ans, vivaient en Belgique, mais la femme (italienne de naissance) avait vécu à Rome il y a 20 ans. Elle m’a confirmé ce que moi-même j’avais vécu étant ado : à l’époque, on venait ici sur la pointe des pieds pour découvrir ce secret et on repartait aussi vite. Pas de photos, pas de queue, juste une expérience unique. Son mari n’avait jamais voulu visiter Rome à cause de la foule, mais elle était parvenue à enfin le convaincre de venir. Ils avaient décidé de faire l’impasse sur le Colisée et le Vatican à cause du monde7, mais son épouse voulait absolument lui montrer ce trou de serrure. Et qu’est-ce qu’elle était déçue par cette foule qui ne cherchait qu’à prendre une photo (je le rappelle, UNE PHOTO NULLE) sans profiter du moment. Je la sentais aussi frustrée que moi, voire plus. Nous savions ce qu’il y avait au bout, que l’attente valait le coup, mais justement cette attente n’était due qu’à des comportements irrationnels.
On termine par une note positive ?
Si vous visitez Rome, laissez-moi vous conseiller mon propre lieu insolite où peu de monde va se promener car il est si excentré qu’on a rarement le courage d’y mettre les pieds (et pourtant, il vaut le coup !) : allez vous promener du côté du Stade des Marbres. L’endroit est aussi paisible que superbe.
Enfin, si vous ne savez pas où déjeuner et dîner durant votre voyage, vous pouvez retrouver toutes mes bonnes adresses sur mon Mapstr.
Ce ne sont pas forcément des adresses très confidentielles (puisque pour rappel nous logions dans le centre historique), mais je mets toujours un point d’honneur à utiliser plusieurs sources pour choisir où je vais déjeuner et dîner. Néanmoins, quelques-unes sont un peu excentrées afin de manger plus « local » (et d’explorer d’autres quartiers).
Mon coup de cœur va à la Cantina Belsiana que j’ai trouvé aussi charmante que délicieuse. Du côté de Geoffroy, c’est Poldo e Gianna qu’il a trouvé excellent. Pensez à réserver pour les deux ! Le seul restaurant où nous avons fait finalement l’impasse est Enzo Al 29 car la queue était interminable, mais nous sommes allés dans un restaurant juste à côté et qui était très bien.
Pour sélectionner ces restos, je lis plusieurs médias, je checke les avis (sur différents sites), je regarde les photos, passe en revue la carte etc. Je sais que cette manière de faire a ses limites : comme pour les monuments, on se retrouve souvent avec les mêmes adresses qui reviennent… d’où le fait de tout passer au peigne fin afin d’éliminer les endroits victimes de leurs succès. Si je n’ai pas de problème avec le fait de faire la queue le dimanche quand je brunche à Paris, ça m’embête un peu plus plus quand je suis en vacances. 😇
Même si je préfère planifier afin d’éviter les déceptions, je ne dis jamais non aux bonnes surprises, celles qu’on découvre par hasard et qui donnent une saveur particulière aux vacances. Alors si vous allez à Rome, pensez à vous arrêter chez Domus Vini, un bar à vin discret à la sélection extraordinaire dont la réputation est aussi excellente que ses bouteilles ! Quand il y aura une foule interminable dans dix ans pour y boire un verre, vous pourrez dire que vous en aurez entendu parlé ici en premier. 😉
📚Au fait…
Je suis ravie de vous annoncer que le tome 2 des Enchanteresses est sorti en format poche cette semaine !!! Si vous aviez aimé le tome 1, n’hésitez pas à vous le procurer. Il est plus petit (et aussi plus économique) et, personnellement, c’est mon tome préféré (avec le 4 !) car j’adore son intrigue policière. 😉
Nous repasserons devant la Fontaine à 21h30 et ce sera toujours le cas 🤡
La fameuse Église Saints-Vincent-et-Anastase-à-Trevi !
C’est pour cette raison que j’ai fait l’impasse sur les Lacs de Plitvice durant mon voyage en Croatie car la foule sur place me terrifiait.
Enfin, quand je sais à l’avance qu’il y aura foule… Quand je me retrouve dans une foule qui n’était pas prévue, ma réaction est souvent différente (#anxiétésociale #agoraphobie tout ça tout ça)
J’ai bien conscience qu’il y a aussi beaucoup de monde à certains endroits de l’Ecosse et même de plus en plus !
Il se peut que son amie photographe m’ait marché sur le pied et flanqué un coup d’épaule au passage, d'où mon agacement…
Et comme ils l’ont si bien dit eux-mêmes, il y a tant à faire à Rome qu’on peut tout à fait s’en passer.
Ton retour d'expérience me rassure tellement ... Nous sommes allés à Rome avec mon chéri il y a 7 ou 8 ans et même si nous avons aimé plein de choses, j'ai le sentiment qu'on est passés à côté... Trop de monde partout, trop de groupes. Et un peu la même expérience sur le trou de serrure avec moins de monde tout de même et il me semble que les autres touristes venaient regarder uniquement.
Mais surtout cette année nous étions en Andalousie et si j'ai adoré ce que nous avons visité, nous avons été confrontés à ce problème des photos insta. Chaque point de vue joli, chaque endroit sympa est monopolisé par des gens qui cherchent à faire la parfaite photo avec leur portable, qui se filment en direct, etc.
Certains donnent des ordres à leur "photographe", s'énervent, refont la photo encore et encore.
Pareil j'ai conscience de faire un peu partie du problème même si nous ne faisons nous que quelques photos souvenirs et de temps en temps seulement, et je me dis qu'il faudra partir uniquement l'hiver dans ces destinations prisées 😅
J'aimerais bien retourner à Rome mais j'ai peur d'être à nouveau déçue.
Parfois je pense qu'il faudrait maintenant partir dans ces beaux endroits mais ne pas faire de visite, peut-être juste se balader, etc.
Han là là, autant ça ne m’étonne pas pour les autres points phares de Rome que ce soit blindé de la sorte (quoi que, je me souviens avoir été à la fontaine de Trevi aux alentours de neuf heures du matin et ça allait, beaucoup moins de monde que sur tes photos) MAIS pour le trou de la serrure, je suis choquée. Quand j’étais sur place, on m’y avait amené de nuit (la vue était aussi superbe) et il n’y avait que quatre autres personnes devant, je n’aurais jamais imaginé que c’était un spot touristique 🙃