✍️ Comment trouver le temps d’écrire son roman ?
Pas de secret : pour être publié.e, il va falloir écrire ton manuscrit jusqu’au bout. Eh oui.
Tu n’as pas à t’exiler dans ton manoir hanté comme ce bon vieux Jack pour mettre le point final à ton histoire.
Une courte introduction avant de rentrer dans le vif du sujet : cette newsletter est la suite de celle publiée il y a 15 jours et que vous pouvez (re)lire. Dedans je vous partage mon point de vue sur notre rapport au temps, surtout quand il s’agit d’écriture. Pour résumer cette réflexion, en voici les 3 points majeurs :
- avoir du recul sur sa propre situation afin d’appréhender l’écriture de façon saine
- avoir la sagesse de ne pas se comparer aux autres afin de tracer son propre chemin
- avoir conscience des sacrifices qu’écrire demande afin d’aborder cette discipline avec pragmatisme
Aujourd’hui, donc, nous nous retrouvons pour la seconde partie. Elle sera moins abstraite, plus concrète, tout en conservant le parti-pris de la première : pas de réponse magique et toute-faite. Chaque humain est trop différent pour que je vous propose quelque chose d’uniforme. Et même si l’écriture peut relier certains et certaines d’entre nous car nous partageons cette même passion, nos quotidiens peuvent varier ainsi que nos personnalités, nos contraintes et nos limites. J’estime qu’une méthode copiée-collée/une routine clé en main ne pourront jamais marcher.
Voyez cette lettre comme un outil. Un outil que vous pouvez utiliser à n’importe quel moment, selon vos envies et selon vos emplois du temps. Là aussi, tout est une question de personnalité : certain.es aiment se mettre au travail dès qu’on leur donne l’outil, certain.es préfèrent laisser à leurs pensées le temps de mûrir et y revenir plus tard.
Exercice 1 : Apprendre à connaître ses habitudes d’écriture
Si cette première étape peut sembler bateau, ce n’est pas le cas, loin de là ! N’y voyez pas du développement personnel car ce concept a tendance à me hérisser.
Selon moi, il est crucial de réfléchir à l’écriture de façon moins abstraite et moins « bohème » que ce dont on a l’habitude : à force de percevoir l’écriture comme un art, comme un talent qu’on possède (ou pas), on oublie que c’est avant tout une compétence qui demande entraînement, rigueur et habitude. Bref, du travail.
Bien entendu, nous ne développons pas cette compétence de la même manière car notre écriture se nourrit de… eh bien, de nous (notre vécu, notre personnalité, nos goûts, nos aspirations et nos inspirations). D’où le fait qu’il est important de comprendre notre rapport à l’écriture, à quel(s) moment(s) nous nous sentons confortables et prêt.e.s à écrire et à quel moment nous en sommes incapables.
Bonne nouvelle, plus vous allez écrire, plus vous allez comprendre votre écriture. Voici une liste afin vous aider à poser ces premières observations :
- À quel(s) moment(s) de la journée préférez-vous écrire ?
- Est-ce que cela varie si vous écrivez la semaine (du lundi au vendredi), le week-end ou durant vos vacances ?
- Avez-vous besoin d’écrire tous les jours ?
- Combien de temps dure votre session d’écriture « idéale » ? Avez-vous besoin de faire des pauses lors de vos sessions d’écriture ?
- Dans quelle pièce préférez-vous écrire ?
- Avez-vous besoin de calme… ou l’inverse (bruit de fond etc) ?
- Pouvez-vous écrire à l’extérieur de chez vous?
- Avez-vous un rituel avant d’écrire ?
- Avec quel(s) outils écrivez-vous ?
- Est-ce que certaines tâches peuvent vous « bloquer » dans votre écriture ?
- Y a-t-il des émotions qui vous empêchent d’écrire ?
Prenez le temps de répondre à chacune de ces questions. D’ailleurs, je me suis amusée à y répondre moi-même :
Je peux écrire entre 8 à 12h par semaine : le soir et la nuit, en semaine comme le week-end. Mes sessions durent 3h maximum (sauf deadline et période où je rush). J’ai besoin d’être chez moi, de ne pas avoir explosé ma batterie sociale durant la journée. J’ai besoin de calme, d’un espace rien qu’à moi, généralement sans musique (si j’en mets, c’est plutôt d’ambiance ou que je connais par cœur les paroles). Je dois éviter toutes les situations/interactions toxiques qui me procurent des émotions négatives. Les séries m’inspirent beaucoup et m’aident à me vider l’esprit pour mieux me concentrer avant de me lancer dans une session d’écriture.
Maintenant que j’ai listé tout ce qui concerne mon rapport à l’écriture, je sais quand et comment placer l’écriture de façon prioritaire dans mon quotidien. J’arrive aussi à identifier les situations qui complique mes sessions d’écriture voire les font disparaître.
Gardez ces informations sous le coude, elles seront utiles pour l’exercice 3. Mais d’abord, passons à la seconde étape. :)
Exercice 2 : Apprendre à observer son quotidien
Pour cet exercice, je vous propose 2 catégories… qu’on divisera ensuite en 4 autres (promis, c’est pas compliqué).
Selon moi, ce qui constitue notre quotidien peut se diviser en 2 catégories que j’appelle le prisme “impératifs / plaisirs”
Comme vous le constatez par la façon que je les ai nommées, ces deux catégories ne sont pas opposées. Je ne considère pas que la catégorie des « plaisirs » serait une catégorie optionnelle voire facultative. Au contraire, c’est parce que nous vivons ces formes de plaisirs que la catégorie liée aux impératifs est moins lourde à porter. Cette catégorie est donc importante car sans elle on finit par imploser. Sans elle d’ailleurs, pas d’écriture !
Les impératifs comprennent : ce qu’on n’a pas le choix de faire. Cela comprend autant aller en cours/au bureau tous les jours, que d’honorer un rdv avec son psy, que de s’occuper de ses enfants, faire ses courses, se nourrir, DORMIR, prendre sa douche, laver ses fringues, prendre les transports, etc.
Les plaisirs comprennent : ce qui nous divertit, nos passions, nos passe-temps, nos loisirs, ce qu’on apprécie de faire régulièrement. Bref, tout ce qu’on fait ou aimerait faire pour égayer notre quotidien.
Prenez le temps de tout noter et puis de les lister. Si ça vous aide, voici un exemple avec mon propre quotidien :
(🔎si cette image est trop petite, n’hésitez pas à cliquer dessus et à zoomer)
Note (1) : puisque l’écriture est désormais l’un de mes métiers, elle est déjà dans la catégorie « impératifs ». Si ce n’est pas votre cas, vous pouvez la laisser pour cette étape dans la partie « plaisirs », même si vous comprenez en quoi va consister la prochaine étape ;). Par ailleurs, je ne quantifie que ce qui est dans la catégorie « plaisirs » car il me paraît humainement impossible de chronométrer l’ensemble de sa vie (du moins, sur le temps long). Je n’ai pas non plus quantifier le temps que je prends à manger (c’est variable) ainsi que mon sommeil (en semaine je peux dors 5h et le week-end 12h donc bon…)
Note (2) : comme le sujet de la répartition des tâches me semble crucial, je me permets une parenthèse. Avec mon copain, nous nous répartissons les tâches ménagères (presque) équitablement. Puisque j’ai 2 métiers, il en fait un peu plus (c’est logique). Je m’occupe du ménage et du rangement tandis qu’il s’occupe des courses, des repas, de la vaisselle, des poubelles. Pour les machines, je m’en occupe principalement et parfois je lui demande un coup de main. J’ai des semaines où ce que je fais est plus « visible » (comme quand je fais le ménage de fond en comble), mais j’ai aussi conscience de toutes les petites choses invisibles que je fais et qui me prennent 10 minutes par-ci par-là, parfois plusieurs fois par jour (ranger, classer, réorganiser, jeter etc) et qui nous permettent de vivre au quotidien dans un appartement agréable.
Fin de la parenthèse :).
Comme vous le constatez, la catégorie « plaisirs » est piégeuse. Elle est piégeuse car elle comprend beaucoup de choses variées (plus que les impératifs, pour ma part). Or, puisque nos journées ne sont pas extensibles à l’infini, il va falloir faire des choix. On en revient donc à l’un des sujets de ma précédente lettre : faire des sacrifices.
Exercice 3 : L’art du sacrifice
C’est à cette étape que la notion de sacrifice prend (malheureusement) tout son sens. Je ne vais pas me répéter par rapport à ce que j’ai déjà dit : personne ne peut choisir ce que vous devez sacrifier dans votre quotidien pour laisser l’écriture prendre la place qui lui revient.
Cependant, puisqu’il va falloir en faire, il va donc falloir vous placer dans une posture plutôt égoïste. Oui, je sais, c’est un gros mot… surtout quand on est une femme et qu’on nous apprend à d’abord servir et vivre pour les autres. Si vous voulez, je peux le formuler plus élégamment : lorsque l’écriture devient l’une de vos priorités, vous devez faire de vous-même votre priorité.
Puisqu’une journée ne dure que 24h, qu’une semaine ne dure que 7 jours et qu’un mois n’en fait que 31 maximum, il va donc falloir faire des choix. Couper, supprimer/ajouter, diminuer/augmenter et reléguer au second plan tout ce qui fait partie de votre quotidien afin que l’écriture trouve toute la place qu’elle mérite et qui lui revient.
Vos deux catégories précédentes vont donc se transformer en 4 catégories, schématisées différemment, avec l’écriture dans la catégorie première. Vos sacrifices ne se font pas par bloc, mais donc par strates. Ils sont donc plus “supportables” et par conséquent plus vivables par le long terme. On pourrait appeler ça “le sacrifice stratifié”.
Voici, là encore, un exemple :
(🔎si cette image est trop petite, n’hésitez pas à cliquer dessus et à zoomer)
La 1e catégorie reprend tout ce qui était dans les impératifs et qui ne bouge pas. Cette fois-ci, il faut ajouter l’écriture à celle-ci et prendre le temps de lister tout ce que vous avez compris sur votre écriture. C’est en ayant ces impératifs (liés à votre écriture) en tête que vous parviendrez à faire les choix les plus raisonnés et raisonnables sur le reste de vos journées.
La 2nde catégorie est étroitement liée à votre écriture : parmi tout ce que vous aimez faire, qu’est-ce qui vous nourrit et nourrit également votre écriture ? Qu’est-ce qui est un moteur, qui n’est pas énergivore et qui vous laisse suffisamment d’espace mental ?
La 3e catégorie comprend tout ce qui vous tient à cœur, mais qui a tendance à ralentir votre écriture car cela nécessite trop d’attention, de concentration et de temps. Vous ne pouvez pas vous en passer, mais il va vous falloir ralentir la dose, privilégier la qualité à la quantité : moins de moments à consacrer, mais qu’ils soient plus qualitatifs afin de les vivre pleinement.
La 4e catégorie est tout ce qui devient optionnel : vous n’avez presque plus de temps à consacrer à ces tâches. L’idée n’est pas d’arrêter complètement (après tout, ces choses vous font plaisir), mais plutôt de les diminuer. Elles ne font plus parties de vos habitudes, elles sont devenues optionnelles (par exemple, vous pouvez les reprendre pendant les vacances ou quand vous êtes entre deux manuscrits etc).
Et maintenant ? Eh bien à vous de jouer ! Vous pouvez remplir ces catégories « mentalement » ou alors armez-vous d’un papier+ stylot ou ouvrez un fichier excel, une nouvelle page sur Notion (big-up aux addicts de l’organisation, on est ensemble) et triez votre quotidien.
Ces catégories sont à remplir selon vos propres critères et surtout, n’oubliez pas qu’elles peuvent bouger au fil du temps. Il y a un an, « créer du contenu (pour les réseaux sociaux) » faisait partie de mes impératifs. Or, si vous avez suivi mon cheminement depuis cet été, vous savez que je n’accorde plus du tout la même importance à cette tâche. Au fur et à mesure, je l’ai relégué au second plan jusqu’à ne plus du tout la prioriser. Sans surprise, elle se retrouve donc dans la 4e et dernière catégorie !
Ahh, les réseaux sociaux… Un gros sujet quand on est autrice et qu’on cherche à être publiée (ou qu’on l’est déjà). Ce sera le sujet d’une prochaine newsletter ;).
Merci Sophie pour ces conseils qui m'aident à améliorer mon organisation !
Pour gagner du temps, j'ai appris récemment à mutualiser : transport = lecture, ménage = écouter un podcast, etc. Cela permet d'associer plaisirs et impératifs (dans les transports parisiens, c'est souvent salvateur) ;)
Merci pour cette newsletter hyper complète ! Je vais m’appliquer à faire ça tout de suite 🥰