🍂 Comme dans un film de Nora Ephron
Comment je revis à l’automne ou plutôt : une lettre d’amour à la pluie, au ciel gris, aux feuilles qui tombent et aux jours qui raccourcissent.
(-avant de lire cette lettre- Chères lectrices et chers lecteurs,
Face à l’état actuel du monde, voici quelques liens qui, je pense, sont nécessaires pour comprendre et réfléchir à ce qu’il se passe : le billet de blog de la journaliste Mona Chollet (que j’ai déjà partagé en story), la vidéo de vulgarisation historique d’@histoire_crepues et enfin, le discours d’Edwy Plenel à retrouver sur Mediapart.)
Il faut que je vous révèle quelque chose.
Je n’aime pas le thé. Encore moins les tisanes. En réalité, je ne fais pas la différence. Les eaux chaudes aromatisées me dégoûtent. Je ne comprends pas l’intérêt.
Et il faut que je vous révèle un deuxième secret.
Je n’aime pas la cannelle. Je trouve ça souvent écœurant, le goût épicé est omniprésent en bouche.
Et puis, sachez que je n’ai pas beaucoup de vêtements orange, marron ou bordeaux dans ma penderie. Les rares fringues dans ces teintes sont souvent arrivées là par hasard.
Vous comprenez où je veux en venir ? Si l’automne était une boutique, je serai a priori sa pire cliente.
Et pourtant, cette saison fait mon bonheur depuis que je suis enfant. Sans doute mon âme d’introvertie qui apprécie de ne pas se forcer à sortir (après tout, il fait trop froid pour ça). Je peux rester sous la couette avec un bon livre sans culpabiliser, siroter un chocolat chaud devant un film cosy, allumer une bougie et regarder par la fenêtre la pluie qui tombe alors que la nuit commence à tomber.
Il suffit de voir la décoration de notre salon pour deviner que Geoffroy et moi raffolons de cette période de l’année. Ses couleurs chaudes, les touches retro au milieu de cette esthétique cosy la rendent accueillante. Du tapis persan aux rideaux rouille et à notre fauteuil vintage seventies, cette pièce est mon refuge. Je crois que c’est ma pièce préférée de notre foyer. Chaque matin, la lumière qui traverse les multiples porte-fenêtre me rappellent la chance inouïe que nous avons de vivre dans un appartement aussi spacieux (pour Paris, il l’est !) et agréable.
🌆 L’automne à Paris
Durant plusieurs années, je n’ai pas considéré pas Paris comme ville emblématique de cette saison. J’aurais volontiers cité Edinburgh qui réunit toutes les caractéristiques idéales : une architecture « dark academia », une météo pluvieuse et des nuages sombres bas dans le ciel. Et pourtant, force est d’admettre que Paris a une âme d’automne.
Combien de fois ai-je parcouru en septembre le jardin du Luxembourg avec son sol jonché de feuilles mortes ? À cette saison, une atmosphère différente s’empare de la ville. Les terrasses se remplissent à la tombée de la nuit, les averses nous font vivre au ralenti, les rues deviennent silencieuses. Je raffole du bruit des voitures qui roulent dans les flaques d’eau. Je sais, c’est étrange. Alors qu’il fait frais dès le matin, , les métros sont d’une chaleur étouffante et nous passons notre temps à retirer nos foulards pour les nouer autour de notre cou un quart d’heure plus tard. Oui, tout ça, c’est le Paris que j’aime.
Comme partout en France, l’automne a mis du temps à s’imposer cette année. Je trouve que c’est encore plus flagrant lorsque je regarde l’évolution de mes tenues en seulement un mois. C’est cadeau :
C’est aussi l’une des raisons qui me fait aimer l’automne et la raison pour laquelle je ne souhaite pas qu’il disparaisse. Il est un repère rassurant. Je m’y sens en sécurité. Le soir, lorsque je me promène en ville, tout est différent. C’est ce que je me suis dit il y a quelques jours, après être sortie d’un bar (La Boissonnière de Charonne) où j’avais siroté un cocktail de Martini à tomber. Ainsi que cette fois où j’ai quitté une amie entre deux stations de métro après qu’elle m’ait emmené chez Balls, restau dont tout le monde parle depuis des lutres. Les voix qui s’élèvent des restaurants, les lumières tamisées qui traversent les fenêtres, les lampadaires allumés ; c’est tout une vie nocturne qui prend place. Cette vie me parle puisqu’elle fait écho à mon écriture souvent tardive, à l’inspiration qui me vient lors de mes insomnies. J’ai l’impression que le monde partage mon rythme habituel. Je ne suis plus seule à vouloir posséder la nuit.
✍️ Ce qui ne m’empêche pas d’attendre que le monde s’endorme pour écrire
Je ne sais pas fonctionner autrement. J’ai besoin que le temps se mette en pause pour pouvoir me plonger dans l’écriture. Cette habitude ne change pas, malgré le temps qui passe. Un de mes rêves les plus chers serait de pouvoir écrire à temps plein, mais je ne suis pas sûre que cela changerait grand-chose à mon rythme actuel…
Je n’écris pas la nuit par dépit, plutôt par besoin.
L’occasion pour moi de vous annoncer que je suis en plein dans les corrections du tome 4 des enchanteresses ! Reçues il y a quelques semaines, je les découvre au fur et à mesure de ma lecture et je m’attèle (presque) chaque soir à retravailler mon texte avec les conseils précieux de ma préparatrice de copies chez Hachette Romans.
Je sais que cette phase de notre métier est toujours nébuleuse pour les personnes qui nous lisent. Quel est l’ampleur de ces corrections ? Comment procédons-nous ? Pourquoi y a-t-il besoin de ces modifications alors que notre texte est signé ? Combien de temps est-il nécessaire pour arriver au bout ?
J’ai déjà expliqué comment je concevais mon métier d’autrice : je suis comme une sculptrice qui passe son temps à polir la pierre, à la travailler encore et encore, à repasser dessus jusqu’à ce que les finitions soient suffisamment satisfaisantes pour s’arrêter. J’insiste sur ce point car c’est important d’apprendre à terminer le re-travail d’un texte qui, malheureusement, ne sera jamais parfait.
Or, pour polir cette pierre, un seul regard n’est pas suffisant. C’est là qu’interviennent les retours des éditrices et préparatrices de copies. Leur métier est de challenger le texte. À partir de la base (déjà bien avancée) que j’ai à disposition, comment pouvons-nous avancer ensemble pour en sortir le meilleur ? Durant cette première lecture du manuscrit, elles vont donc poser beaucoup de questions sur l’ensemble de mon texte : ça peut être des remarques sur le style, sur un choix de vocabulaire, de champ lexical, de registre de langue… mais ça va aussi plus loin ! Cette scène est-elle nécessaire ? La réaction de ce personnage est-elle cohérente par rapport à son tempérament habituel ? Ce chapitre manque-t-il de rythme ? Au contraire, faut-il le rallonger un peu ?
C’est un travail de fourmi auquel elles procèdent. Après plusieurs semaines sans nouvelle, je reçois donc leurs nombreuses annotations et c’est à mon tour de travailler. Il faut trouver le juste équilibre entre prendre en compte leurs remarques et avoir le recul nécessaire pour ne pas se mettre à douter de soi. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, je reste maîtresse de mon texte, libre à moi de faire comme je le souhaite. Ce n’est pas toujours simple, il y a bien sûr une question d’ego qui joue un grand rôle (personne n’aime voir son long travail complètement annoté et remis en question), mais c’est aussi une chance inestimable. Travailler à leurs côtés est une opportunité incroyable. Dans ces moments, je réalise à quel point mon écriture a mûri, comme je me suis améliorée et c’est grâce à toute l’équipe qui m’accompagne dans mon métier d’autrice. Je le sens aussi dans les retours que l’on me fait. Ils sont différents de ceux du début. Il y a une plus grande exigence, on me pousse dans mes retranchements. Ce n’est pas facile tous les soirs, les corrections sont une période souvent pénible et fatigante dont on a le sentiment de ne pas voir le bout. Mais, au fond, j’en suis aussi flattée que fière. On estime que j’en suis capable et je fais en sorte que ce soit le cas. Chaque nouveau roman est plus ambitieux que le précédent.
Bref, vous vous doutez que depuis début octobre, mon mois a filé à vitesse grand V…
…D’autant plus que je n’étais pas en France durant la première semaine !
🍁 Mon automne a commencé à des milliers de kilomètres d’ici…
… à Montréal. Ce voyage, nous l’attendions depuis des années. Fin 2018 (5 ans déjà !), mon amie Florence part vivre au Canada avec Flavien, son conjoint. Tout s’est concrétisé très rapidement et ils partent (presque) du jour au lendemain. J’ai à peine le temps de cligner des yeux que, ça y est, ma Florence a emménagé à l’autre bout du monde.
Avec Geoffroy, nous projetons rapidement de leur rendre visite. Le Canada fait partie des pays qui nous attire, nous avons envie de les revoir et nous n’avons que des retours positifs. En janvier 2020, nous achetons donc nos billets pour octobre… et je vous laisse deviner la suite. Le covid sème la zizanie sur son passage. Il n’est plus question d’aller les voir et nous annulons notre voyage.
Ce n’est que partie remise, ce qui nous réconforte un peu.
Mais jusqu’à quand ?
D’ailleurs, le temps passe. En 2021, les restrictions sanitaires rendent les vols longs courriers contraignants. La crainte de devoir annuler à la dernière minute à cause de la pandémie persiste. En 2022, je me remets sur pied de ma dépression sévère. J’ai du mal à m’organiser plusieurs mois à l’avance, j’ai l’impression que c’est trop difficile, je n’ai pas l’espace mental pour. Arrive enfin 2023, les planètes sont alignées… nous nous envolons enfin.
Nous avions de grosses attentes et nous n’avons pas été déçus. Nous avons eu droit à un temps radieux car, là-bas aussi, l’été s’est éternisé. Nous nous sommes promenés tous les jours sous une météo agréable et les feuilles des arbres commençaient à revêtir leurs couleurs chatoyantes (qui se marient parfaitement avec les bâtiments en briques orangées).
C’est pour ça que j’aime l’automne, aussi. Cette saison est présente dans d’autres pays, elle ne se manifeste pas toujours de la même manière, mais elle est là. Elle nous enveloppe. Et je lui porte le même amour peu importe l’endroit.
Inutile de vous raconter en détail tout ce que nous avons fait à Montréal, mais si cela vous intéresse, mes bonnes adresses sont disponibles sur mon Mapstr Spontanément, voici mes lieux préférés : La banquise, pour manger une poutine généreuse ; le quartier de Mile End, jeune et dynamique ; le spa La source Bains Nordiques, situé au milieu de la forêt.
Depuis que nous sommes rentrés, je repense souvent à notre séjour là-bas. Je ne suis pas du genre nostalgique, cependant j’aime garder en mémoire des « moments cinématographiques » qui nourrissent mon écriture. Notre retour du spa en voiture, à la nuit tombée, avec All Too Well comme morceau pour nous accompagner sur la route, en fait partie.
Et puis, je ne peux pas ne pas mentionner les photos de Geoffroy et moi, prises par Florence. Je l’ai déjà raconté dans mon dernier post Instagram, Florence nous a offert ce moment privilégié en nous photographiant au Campus McGill dans une ambiance dark academia / back to school. Certains clichés me font l’effet d’un film (on en revient toujours à ces fameux « moments cinématographiques »).
Si vous voulez découvrir le travail de Florence, n’hésitez pas à la suivre sur Instagram.
Et pour booker une séance, ça se passe sur son site.
💌 Comment terminer cette lettre d’amour à l’automne ?
Laissez-moi vous partager plusieurs recos cultures et qui sont idéales pour la saison (ou alors qui viennent de sortir) :
- L’automne rime souvent avec les séries de Mike Flanagan et je suis toujours frustrée qu’on ne parle pas plus de Midnight Mass, de loin sa meilleure série (pour être honnête, je trouve que ses séries sont très inégales et la dernière en date ne m’a pas convaincu). Attention, c’est beaucoup de parlotte, très perché, le tout axé religion. Ce sont toutes les raisons qui me font aimer cette série, mais je préfère prévenir !
- Pour les livres, j’ai lu d’une traite La vie Invisible d’Addie Larue de V.E Schawb (700 pages en un vol !), un roman fantasy un peu OVNI et qui m’a transporté. Quelle poésie ! Parmi les grandes sorties de la rentrée, je pense au récit glaçant mais nécessaire de Neige Sinno, Triste Tigre (lu durant le même vol..).
- Au cinéma, ruez-vous en salle pour voir Le Procès Goldman, qui est encore à l’affiche, dont les dialogues sont impeccables. Anatomie d’une chute, Le livre des solutions… Le cinéma français m’épate depuis la rentrée.
- Je pense que nous sommes nombreux à nous être rués sur la nouvelle version de 1989 ! Quel bonheur d’écouter Taylor ! Cependant, n’oubliez pas mon premier chouchou, James Blunt, et son dernier morceau (bouleversant), The girl that never was. ;)
-Si vous êtes d’humeur nostalgique, rereregardez Quand Harry rencontre Sally. Oui, compte tenu du titre de cette lettre, il fallait bien que je le case quelque part ! Ce qui me fait penser, qu’il faut absolument regarder dernière la vidéo de Mina Li. Pour celleux qui connaissent ma passion pour la mode et la pop-culture, c’est typiquement le genre de vidéos et de discours qui me parle.
Et puis, si vous aimez les romans de young adult fantastique, n’oubliez pas les Enchanteresses ;)… L’édition de poche du tome 1 vient de sortir !
A bientôt,
Sophie
C’est toujours un plaisir de te lire Sophie, vraiment 🧡
C'était long mais comme toutes ces choses que l'on attend avec impatience c'était aussi chouette qu'espéré, si heureuse de vous avoir accueillis chez nous et vous avoir montré notre petit bout de pays 🧡 Vivement le prochain repas ensemble !