30 choses apprises en 30 ans
Aujourd’hui, on parle de nouvelle décennie, de leçons apprises et celles à apprendre et puis, de nouveaux travaux d’écriture.
✨ Hello,
Vous lisez actuellement la treizième lettre de ma newsletter, vous êtes désormais 1690 à me lire ! Un grand merci, votre fidélité nourrit mon écriture et m’inspire au quotidien.
👋 Je suis Sophie Gliocas, une millenial de 30 ans, qui est née et qui vit (avec son chat et son amoureux) à Paris. Le jour, je travaille dans la communication social media et la nuit, j’écris des livres que vous retrouvez ensuite en librairies.
✉️ « Gang de Plumes » est une newsletter aux sujets pluriels : j’y parle de mon quotidien d’autrice (mon actualité, ma vision de ce métier, mon rapport à l’écriture), je partage des sujets plus intimes (notamment liés à ma santé mentale et plus généralement, à mon quotidien) et je vous livre aussi mes recommandations (pop)culture et parfois lifestyle.
Dans cette lettre je vous raconte :
🎂Vie de plume : Cette nouvelle décennie qui m’ouvre les bras…
✅ Vie de plume (bis) : … et par conséquent, tout ce que j’ai appris ces 30 dernières années
✍️ Derrière la plume : Ce que j’écris actuellement (hiiii)
🎂 Cette nouvelle décennie qui m’ouvre les bras
Un détail a changé dans mon message d’introduction.
Le 29 s’est effacé pour laisser place à un tout nouveau nombre. 30. Voilà, il est là, sous mes yeux. Le 6 février, j’ai eu 30 ans. Depuis que j’approche de cet âge, les mêmes remarques vont et viennent : « Aïe, ça y est, tu vieillis ! » « La vingtaine c’est fini, ça fait mal, hein ? » « Eh oui, maintenant, tu es une adulte, une vraie de vraie ! »
J’ai toujours eu du mal à comprendre cette déprime qui devrait nous toucher à l’approche de la trentaine. D’abord, parce que je pense que vieillir est un privilège. Plus les années passent et plus les gens nous quittent. C’est le cycle fatidique de la vie. Je déteste la mort, que ce soit la mienne (à laquelle je pense souvent car ici on aime casser l’ambiance) ou celle des gens que j’aime (à laquelle je pense encore plus souvent, toujours parce que j’aime casser l’ambiance). Depuis que je suis enfant, je subis mes angoisses existentielles. Tout (ou presque) me ramène à cette idée qu’on disparaît et que cette fin peut être brutale, injuste voire douloureuse (autant pour nous que pour les autres).
Rien que d’écrire ces mots me noue la gorge. Non, moi et la mort on n’est pas copines. J’admire celles et ceux qui y pensent avec détachement. Souvent, c’est parce qu’ils ont côtoyé la mort de près. Et pourtant, même si en vieillissant je réalise à quel point la mort est de plus en plus présente, cela ne m’aide pas à m’habituer pour autant.
Et, alors que j’ai connu des dépressions sévères avec des phases aiguës où tout me semblait amer et sans espoir, cela ne m’empêche pas d’apprécier la vie…
Et de me réjouir d’être en vie, de vieillir.
Pour résumer ma pensée, je considère que chaque année qui passe ne me rapproche pas un peu plus de la fin. C’est bel et bien le cas, mais je crois que mon cerveau est hermétique à cette idée. Donc je préfère me réjouir de la vie. Que je le suis, en vie. Que les gens que j’aime sont là… Et que c’est une belle victoire contre la mort.
Oui, j’ai l’impression qu’on doit souvent se battre contre la Mort, comme si on jouait à un petit jeu sadique contre elle et dont elle sortira forcément gagnante. Sauf que je m’en tape. J’ai envie de lui compliquer la tâche et que le combat dure encore un bon moment. Rien qu’en écrivant ces mots, je ne peux m’empêcher de toucher le bois de mon bureau même si je ne suis pas une grande superstitieuse. Comme quoi !
Mais donc… voilà. Les quelques cheveux blancs et les rides d’expressions qui apparaissent sur mon visage ne me font pas peur. Le corps qui a besoin de plus d’entraînements et d’exercices qu’auparavant pour rester en forme, non plus. Tout comme les traits de caractère qui s’intensifient, les goûts qui changent et les aspirations qui évoluent sont pour moi les preuves (et même les traces) de mon passage sur Terre, que le temps passe et que ma vie continue de se construire au fur et à mesure.
Alors cette trentaine ne me déprime pas.
Au contraire, elle me remplit de joie.
Tout simplement parce que je meurs d’envie d’avoir 30 ans depuis des années.
C’est un peu étrange formulé ainsi, mais c’est la stricte vérité.
Je rêve d’avoir 30 ans depuis que j’en ai 18.
Plus jeune, quand je disais être pressée d’avoir 30 ans, on me riait au nez. « Tu dis ça parce que tu en es loin ! Tu verras après tes 25 ans, tu changeras d’avis. » Mais mon avis n’a pas changé, il s’est même affirmé. L’an dernier, à mes 29 ans, j’ai décidé d’aller plus vite que la musique. Très souvent, quand on me demandait mon âge, je répondais : « 30. Enfin, bientôt. »
Inconsciemment, j’ai enveloppé une forme de mythe autour de cet âge. Je ne vais pas dire que je le fantasme car je pense avoir acquis assez de maturité pour faire la part des choses et ne plus tout idéaliser. Mais je trouve qu’il y avait quelque chose d’incroyablement sexy et cool dans le fait d’avoir 30. Quels drôles de mots pour qualifier un âge, mais c’est le cas ! En tant que femme et plus généralement en tant qu’adulte, cet âge me donne le sentiment d’être enfin prise au sérieux. On m’infantilise moins, on m’écoute plus. Ce n’est pas rien.
J’ai essayé de comprendre d’où me venait cette attirance pour ces 30 ans puisque cela me paraissait aller complètement à contre-courant de toute cette déprime autour de la trentaine.
Je pense que la fiction a joué un rôle prépondérant. Les séries, notamment, car ce sont celles qui m’ont accompagné sur le long terme, où je retrouvais les personnages durant plusieurs mois voire plusieurs années. Forcément, je me projetais et me reconnaissais en eux.
Depuis ado, j’adore les teen movies et les teen dramas. J’en consommais avant de rentrer dans cette période (le marketing aspirationnel ayant bien fait son taf et m’ayant donné envie, dès mes 10 piges, d’être une « grande » c’est-à-dire une ✨ lycéenne ✨) et j’ai poursuivi par la suite. J’ai plutôt une bonne culture cinématographie et télévisuelle, notamment dans cette catégorie. Je connais bien mes classiques et les œuvres considérées « de niche ». La représentation de l’adolescence me passionne, voire même me fascine. Et cette passion n’est jamais partie. Elle s’est même intensifiée une fois que j’ai quitté cette période de ma vie, comme si je pouvais enfin l’appréhender avec plus de recul (de « sagesse » diraient certain.e.s). Sans surprise, c’est l’une des raisons qui m’a poussé à écrire Les Enchanteresses et qui me donne envie d’écrire pour les ados et les jeunes adultes.
Malgré cette passion, j’ai très vite arrêté d’idéaliser l’adolescence.
Comme beaucoup, j’attendais de le devenir avec impatience. Ça avait l’air vraiment cool d’être une ado : on sort faire la fête, on roule des pelles à des mecs et on a des problèmes vachement sérieux à savoir qu’on a le même crush que notre copine Rachel avec qui on est prêtes à se livrer une guerre sans merci pour gagner le coeur du beau mec du lycée. Sur ces points-là, je n’ai pas spécialement déchanté. Si j’étais plutôt sage au collège, j’ai traversé ma fameuse crise d’ado une fois que je suis arrivée au lycée. J’ai flirté entre l’ado modèle et la rebelle, qui a du mal à trouver sa place et à faire entendre sa voix. J’ai irrité mes parents, je les ai inquiétés, j’ai été égoïste, menteuse, pénible, à fleur de peau. J’ai traversé mes premières dépressions sans savoir que c’en était. Comme beaucoup (trop) de jeunes filles, j’ai eu des troubles du comportement alimentaire.
Je me suis détestée : je me suis trouvée insuffisante, trop conne, trop moche, trop. Juste, trop. Et aussi pas assez. Jamais assez. Alors j’ai répondu à tout ça comme je pouvais. En me faisant du mal, en laissant les autres m’en faire et en laissant les vagues m’emporter et me noyer. J’ai aussi vécu ces années pleinement, avec intensité, en étant certes un peu trop tête brûlée, en enchaînant les bêtises. J’ai un regard particulièrement doux amer, un peu ému et surtout empli d’affection sur toute cette période.
Sauf que lorsque j’étais ado, je n’aimais pas être ado. Tout simplement. Même si je continuais de regarder la fiction avec des personnages de mon âge, j’ai vite développé un intérêt croissant pour toutes les fictions avec des adultes.
Etonnamment, les séries sur la vingtaine ne m’ont jamais beaucoup intéressé. Cette période de la vie est moins représentée que celle de l’adolescence. Il faut le dire : on s’y arrête moins et les quelques fictions auxquelles j’accrochais ne m’en donnaient pas une très bonne image.
🎓 Il y avait les séries à l’université, sur des campus américains où tout est too-much. Or, durant mon adolescence, j’avais bien fini par réaliser que le système scolaire US versus celui français n’ont pas grand-chose à voir. Mais, j’ai aussi appris à ne pas spécialement idéaliser le système américain qui a tendance à survaloriser et à encourager jusqu’à l’absurde les personnalités extraverties et les effets de groupe bruyants.
🌆Il restait donc les « autres » séries, celles où les personnages rentrent dans le grand bain de la vie active… et, alors que ma vingtaine approchait doucement, seulement 2 sont parvenues à retenir mon attention : FRIENDS et Girls. Si je regarde encore la première par nostalgie, force est de constater qu’être vingtenaires dans les années 1990 étaient sensiblement différents que de l’être dans les années 2000 (tout comme en 2010, puis en 2020) etc. En 2008, en pleine crise des subprimes, j’avais seulement 14 ans, mais j’avais bien conscience que l’avenir qui s’ouvrait devant moi s’annonçait incertain. Les médias nous le rabâchaient suffisamment pour que j’ai enregistré le message. Il restait donc Girls, apparu en 2012. Si cette série a pas mal de défauts, Lena Dunham a tout de même réussi à dresser un portrait sans état d’âme de ce qu’est la vingtaine dans une grande ville où tout coûte trop cher et où tout le monde se bat pour décrocher un job.
Il a fallu se rendre à l’évidence : la vingtaine serait le prolongement bête et méchant de l’adolescence.
Avec même plus d’emmerdes car maintenant il faut gérer sa propre paperasse administrative et payer ses impôts. Moi, la vingtaine, ça me donnait pas envie. Tout le monde rabâchait qu’on allait vivre « nos plus belles années », mais j’étais sceptique. Quelles belles années ? L’arnaque, je l’ai senti venir à des kilomètres. L’année de mes 20 ans, le chômage battait (encore et toujours) tous les scores, on commençait à nous alerter sur le réchauffement climatique (enfin, non, nuance : on ne commençait pas, mais on en parlait plus) et en plus de ça, les complexes de l’adolescence ne faisaient que s’intensifier. Je ne me sentais pas plus intelligente ou plus douée alors que j’avais décroché mon BAC, ce diplôme qu’on nous vendait comme un précieux sésame. Je ne me sentais pas magiquement plus jolie et mieux dans ma peau. J’avais même l’impression que tous mes doutes et mes craintes se multipliaient et qu’il n’y avait plus droit à l’erreur. Parce que j’étais majeure et qu’après la vingtaine, c’est la vie « d’adulte »… Alors y a pas intérêt à se rater.
J’ai vécu une bonne partie de ma vingtaine en apnée, sous pression.
Et puis, durant sa vingtaine, on expérimente. On fait de nouvelles rencontres amicales et amoureuses, on fréquente des garçons, tout devient plus intense, plus sérieux parce que les étapes s’enchaînent… et c’est aussi un lot de déceptions immenses, de grandes colères, de souvenirs cuisants, de traumas qui ne s’effaceront pas. On découvre ce qu’on veut, mais aussi ce qu’on ne veut pas, parfois dans la douleur. Tout ça est censé nous forger, nous faire grandir. Je ne suis pas sûre que les femmes aient à subir tant de violences pour avancer.
Durant ma vingtaine, j’ai ouvert les yeux. Sur ma propre vie, sur bon nombre d’inégalités, sur le féminisme. J’ai grandi à une drôle d’époque, où des sujets un peu enfouis et qu’on avait laissé aux oubliettes sont ressurgies sur le devant de la scène. Ça m’a sauvé. Et puis ça m’a aussi donné envie de mourir. Ou plutôt toute la haine qui a contrebalancé toutes ces avancées m’a donné envie de mourir.
Durant ma vingtaine, j’ai été diagnostiquée avec un trouble anxieux généralisé, une dépression sévère, avec des périodes aiguës. J’ai découvert que ce n’était pas ma première dépression, j’allais aussi découvrir que ce ne serait pas la dernière.
Naïvement, je pensais que tout cela s’arrêtait une fois l’adolescence derrière nous. C’est ce qu’on m’avait promis. « Être adulte », c’était mieux. “Plus de choix, plus de liberté” qu’on me répétait. Mensonges ! En tout cas, pas à 19, pas à 20 ans. Encore moins à 21, toujours pas à 22, pas non plus à 23, etc.
Voilà ma vingtaine et voilà pourquoi je commence à peine à envisager l’idée de vouloir ou plutôt de pouvoir écrire sur cette période de la vie. De ma vie.
Alors la vingtaine j’en voulais pas et je l’ai compris très tôt. Parce que dès mes 14 ans, j’avais les yeux rivés sur M6 dès 22h30 pour mater en cachette Sex & The City. Carrie, Miranda, Samantha et Charlotte : ces 4 femmes me fascinaient, elles me fascinent encore, elles me fascinent toutes pour des raisons différentes. Mais déjà, à mon très jeune âge, je comprenais qu’elles avaient touché un truc. Elles étaient plutôt bien dans leurs pompes ou plutôt, elles arrivaient à vivre avec le fait de ne pas l’être totalement. Elles étaient accomplies, drôles, elles découvraient la vie, mais avec une forme d’euphorie douce qui m’obsédait.
Pour moi, 30 ans, c’était ça.
C’était l’insouciance, c’était la tranquillité. C’était l’équilibre.
Alors, bien sûr, j’ai conscience que ce quatuor new-yorkais vit une existence de privilégiées avec leurs apparts gigantesques à Manhattan et leurs fringues de luxe qui débordent de leurs tiroirs. Cette série a mal vieilli sur pleins de points et ce point-là en fait partie. Ce n’est pas une série réaliste, loin de là.
Mais… quand même ! Tous les journalistes s’accordent à le dire : aucune série n’est parvenue à reproduire le même effet que Sex & The City quand on parle des femmes trentenaires. Parce que l’époque a changé et puis peut-être parce qu’on ne veut pas écrire sur des femmes de 30 ans, (parfois) célibataires, (souvent) sans enfants, qui aiment leur taf, qui n’ont pas décidé que leur vie allait s’arrêter une fois la vingtaine terminée. Peut-être qu’au fond, Carrie et ses copines ont fait peur à beaucoup de gens. Je me souviens des discussions qui entouraient cette série considérée comme tellement subversive pour l’époque et je pense que cette hypothèse se tient.
Et moi je voulais ça. À 18 ans, je rêvais d’en avoir 30 ans parce que je voulais avoir trouvé les réponses à la vie.
Alors que j’ai 30 ans et 5 jours, est-ce le cas ? Non. Mais, ça ne me pose plus problème. Parce que durant ma vingtaine je me suis perdue pour mieux me retrouver.
C’est peut-être aussi pour ça que j’aborde ma trentaine aussi sereinement. Je n’ai aucune idée de ce que l’avenir me réserve, j’espère qu’il sera beau, doux et paisible… mais je sais aussi que je suis entourée si ce n’est pas le cas. C’est une chance inestimable.
Et puis aussi je réalise tout ce que j’ai bâti ces dix dernières années. J’ai l’impression d’avoir fait 1000 choses, d’avoir eu 100 vies différentes, d’avoir testé, appris, désappris, raté, réussi, échoué, gagné. Et tout ça m’a amené là où j’en suis aujourd’hui.
Je crois que j’ai (beaucoup trop) travaillé durant ma vingtaine, mais ça ne me dérange pas plus que ça (et je ne parle pas que de mon travail de bureau ou d’écriture, je parle aussi de mon travail sur moi-même). Je sais qu’il va falloir que je travaille encore. Parce que si on retire la dimension capitaliste de ce mot et qu’on le détache de la notion de salariat, peut-être que la vie c’est ça : un travail permanent. Et tout ce travail m’a amené où je suis actuellement.
Mes livres en font partie. J’essaie d’accepter, d’assimiler toutes les réussites qui les entourent, mais je vois encore tout le chemin à parcourir et j’ai hâte.
J’ai retrouvé un vieux texte posté sur un Tumblr à l’abandon, écrit il y a quelques années et dont voici un extrait :
“Une fois je disais à mon Papa dans la voiture "Je sais pas quel cadeau demander, j'ai besoin de rien. Enfin y a des trucs que je veux, mais j'en n'ai pas besoin. Si je les ais pas, c'est pas très grave. Tu vois ce que je veux dire ?" Il m'a dit qu'il voyait, que c'était une grande chance de ressentir ça à mon âge. Il m'a demandé si j'en avais conscience ? J'ai dit que oui.
J'ai 28 ans, j'arrive à la fin de ma vingtaine. Je n'ai pas l'impression d'avoir coché toutes les cases de ce que je rêve de faire, mais plutôt que j'en suis là où j'aimerais être et que c'est un mélange de fierté et d'appréhension.
Et je crois que c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis aussi confiante avec la trentaine. Parce qu’une part de moi saisit sa chance et réalise tout le chemin parcouru.”
Être ado en 2024, c’est pas facile. Être adulte, en 2024, ça l’est pas non plus. La vingtaine, à notre époque, c’est une vraie galère. On a le droit de ne pas forcément vouloir suivre le chemin de nos parents, de ne pas se reconnaître dans leurs vies rangées et toutes tracées… mais force est de constater que bien des gens aimeraient y accéder. Et malgré tout notre travail et tous nos efforts, notre société nous permet de moins en moins facilement d’atteindre cet objectif (plutôt raisonnable). Tout prend plus de temps. Tout.
Les « tarifs jeunes » ne font que reculer : alors que la limite fut longtemps jusqu’à 25 ans, il n’est pas rare de voir des limites repoussées jusqu’à 28. Difficile de ne pas voir un symptôme inquiétant de notre époque : on n’a pas le même pouvoir d’achat à 28 ans que nos daron.ne.s aux mêmes âges, même avec des salaires plus élevés et nos ribambelles de diplômes sur nos CV. Nos trajectoires pros sont plus tumultueuses, devenir propriétaires est le St-Graal, l’avenir semble plus compliqué. Alors les gens repoussent tout. Leurs mariages, leurs envies de fonder une famille, leurs rêves et parfois leurs ambitions. Pendant que leur temps défile en un battement de paupières.
Oui, je mesure ma chance et même mon privilège. J’ai encore beaucoup de choses à bâtir et tout ne pourra pas n’être que de l’ordre de ma volonté, surtout pas les temps qui courent. Mais je réalise que je suis loin d’être à plaindre. Si des séries comme Fleabag, avec des trentenaires un peu paumées, me font mourir de rire et beaucoup déculpabiliser, je sens aussi que ce n’est pas mon expérience actuelle. Je suis heureuse d’avoir 30 ans parce que je n’ai pas à me plaindre. Et je pense ça important de l’écrire car ce n’est pas un « flex », mais une forme de reconnaissance qu’il m’est important de formuler à l’heure où on veut toujours plus (moi compris).
Depuis le temps, vous le savez : je suis de nature anxieuse. Alors j’ai peur (je suis terrifiée même) que ce bonheur me file entre les doigts. C’est peut-être parce que je n’ai (que) 30 ans, mais je suis terrifiée à l’idée de le perdre. Je le trouve si fragile, si instable. Oui, une part de moi se demande ce que sa trentaine lui réserve. Mais je ne saurais qu’en vivant.
Alors, faisons-le.
Vivons.
✅ Tout ce que j’ai appris ces 30 dernières années
Et puis, pour inaugurer cette nouvelle décennie en beauté, j’avais envie de lister tout ce que j’ai appris en 30 ans. Ou du moins, tout ce qui m’est passé par la tête en réalisant cet exercice, du plus sérieux au plus léger :
1. Papa a raison : « tout se sait un jour ».
2. Choisis tes combats, ne gaspille pas ton énergie.
3. Tu n’aimeras pas les jean skinny toute ta vie. Si, si, je t’assure.
4. On ne peut pas changer les gens. A toi de décider ce que tu fais de cette information.
5. Tu arriveras à te passer de viande. Oui, même la charcuterie, même le saumon, même le foie gras, même le pâté, même les crevettes, même le poulet rôti. Oui, tout.
6. Parfois, il faut savoir s’excuser. Reconnaître ses torts et les assumer.
7. Les gens ont tendance à reporter leurs insécurités sur les autres. Trie les conseils, les recommandations et les critiques, même venant des gens qui t’aiment.
8. Ce n’est pas grave de ne pas toujours être d’accord avec les gens qu’on aime, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut taire ce désaccord.
9. Ça ne sert à rien de te priver d’un aliment pour maigrir, tu finiras toujours par le remanger (et c’est tant mieux).
10. Tout le monde ne vit pas avec des pensées suicidaires. Parles-en à un.e professionnel.le et fais-toi aider.
11. Tu n’es pas obligée de tolérer l’intolérable. Toutes les opinions politiques ne sont pas acceptables.
12. On n’est jamais trop vieux pour dormir avec son doudou.
13. Trust the process. Compare-toi aux autres, mais pour progresser, pas pour te diminuer.
14. Il est trop vieux pour toi. C’est un prédateur.
15. C’est vraiment difficile de retrouver sa couleur de cheveux naturelle après une coloration.
16. La plupart des gens n’ont aucune opinion à ton sujet. Parce que les gens s’en foutent des autres et sont occupés avec leurs propres problèmes. Et cette information a quelque chose d’assez grisant.
17. Les tatouages, c’est cool. On s’en fiche de savoir si tu les aimeras toujours dans 20 ans. Dans 20 ans tu auras changé, et ce n’est pas pour ça que tu fais un tatouage.
18. Ce n’était pas ta faute.
19. Les parents peuvent se tromper.
20. Va au bout de ce p*tain de manuscrit.
21. On peut se sortir d’une dépression. Et même de plusieurs.
22. La vie ne se divise pas en « méchants » et « gentils ». Par contre, si tu commences à la diviser en « dominants » et « dominés », « exploitants » et « exploités », c’est déjà plus intéressant pour l’analyser. Bref, arrête d’être de droite.
23. Le « tout naturel » n’est pas forcément la solution.
24. Les anxiolytiques, c’est quand même une p*tain d’invention. Bravo la science.
25. Toi aussi, tu finiras par devenir gaga d’une petite boule de poils (d’un chat, si tu préfères).
26. N’achète pas forcément la version moins chère juste parce que son prix est plus intéressant que l’original. Tu finiras par acheter l’original.
27. Dis aux gens que tu les aimes.
28. Choisir la neutralité, c’est se mettre du côté de l’oppresseur.
29. Dans le doute, commande toujours un Cosmo ou un P*rn star Martini.
30. Tu ne sais pas tout, toi aussi tu changeras d’avis et en vieillissant, tu réaliseras à quel point tu ne sais rien.
✍️ Ce que j’écris actuellement (hiiii)
Cette newsletter est (très) longue. Je me demande même si ce n’est pas la plus longue depuis son lancement. L’écrire m’a fait un bien fou ! Mais cette newsletter n’est pas ce qui occupe la majeure partie de mon temps (post-job de bureau, j’entends).
Ces dernières semaines, je me suis plutôt bien débrouillée niveau planning. De septembre à (quasi) fin décembre, j’ai bûché sur les corrections éditos du tome 4 des Enchanteresses. Puis, je me suis octroyée une petite semaine de vacances où j’ai réfléchi à comment j’envisageais 2024.
Le 31 janvier était la sortie de ce tome 4. Avec toutes les corrections et relectures de dernière minute, mon éditrice m’a proposé de repousser la sortie de ce roman à la semaine suivante. Or, cela tombait le 7… J’ai refusé. Le 6 étant le jour de mes 30 ans, je lui ai expliqué que j’étais très attachée au fait de boucler la saga et de publier ce dernier tome avant. Je trouvais qu’il y avait une forte symbolique à ce que cette saga reste une saga écrite et publiée durant ma vingtaine. À un jour près, ce n’était plus le cas. Nous avons donc conservé le calendrier originel.
Durant tout le mois de janvier, j’ai profité de mon étonnante bonne humeur (malgré la sortie d’un nouveau roman, ce qui d’habitude me procure beaucoup de doutes et d’anxiété) pour avancer sur mes deux projets d’écriture.
J’en ai un peu parlé en stories (durant mes vacances de Noël, justement) : cette année, je souhaite écrire 2 romans. Cela peut sembler énorme et absolument inatteignable lorsqu’on bosse à côté (à temps plein et pas aux 35 heures, qui plus est), mais je vous rassure, je n’ai pas prévu de me tuer à la tâche. Je continue mes bonnes résolutions de 2024 : prendre plus soin de moi, être moins exigeante et passer plus de temps avec les gens que j’aime. J’ai appris beaucoup de choses sur moi durant ma vingtaine et notamment sur mon écriture. Et je souhaite mettre cet apprentissage à exécution en bossant différemment sur mes romans.
Je ne vous en parle pas de suite, je me laisse le temps d’expérimenter et de voir quels seront les résultats dans les mois à venir. Mais voilà, je vais écrire 2 romans et cela me comble de joie. J’ai donc passé tout mon mois de janvier à travailler les plans détaillés de ces manuscrits (je suis de la team « architecte », pour rappel).
Le 30 janvier au soir, ils étaient finalisés et j’étais plutôt satisfaite par ces résumés. Alors, bien sûr, il y a des choses qui changeront au fil du temps, mais l’essentiel est posé. Le 31, mon roman est sorti. J’ai profité de cette journée si particulière, je l’ai savouré et je me suis même accordée quelques jours de « repos » en me laissant digérer la fin des Enchanteresses. Pour résumer, je n’ai rien écrit jusqu’à la fin de semaine.
Je me suis donc officiellement lancée dans la rédaction « véritable » de mes deux manuscrits cette semaine. Difficile de vous faire part de mes premières impressions puisqu’elles sont assez maigres. Je n’écris que depuis quelques jours et si j’ai eu peur d’être un peu rouillée au début, qu’il m’arrive d’avoir une petite ado aux cheveux roux qui apparait et disparait de mes pensées, j’ai vite pris le pli. Donc pour l’instant : ça va ! Je suis globalement contente de ce que je suis en train d’écrire. Je suis à l’aise, je n’ai pas de blocage… ce qui est rassurant puisqu’on en est qu’au début. On verra avec le temps.
Mais qu’est-ce que j’écris ? J’en avais parlé brièvement en stories également. Je suis sur 2 romans. Aucun n’est signé avec une maison d’édition car je veux retrouver le plaisir et le temps d’écrire sans deadline.
Mon premier projet est un manuscrit de young-adult fantastique. C’est toujours de la urban-fantasy (on ne me changera pas), mais les protagonistes sont un peu plus âgés que dans les Enchanteresses. Ce sont des jeunes adultes entre 18 et 21 ans. Oui, j’effleure à peine la vingtaine… comme je vous l’ai dit, ce n’est pas une décennie dans laquelle je souhaite m’aventurer pour le moment, haha ! C’est une histoire dure, dans le sens où elle aborde beaucoup de sujets difficiles. C’est clairement plus sombre et violent que les Enchanteresses. Je la trouve plus « mature » et j’avais besoin de renouer avec ce genre d’écrits où je peux exprimer une certaine forme de noirceur. Je considère ça comme un exutoire.
Très sincèrement, c’est une histoire assez atypique. A la différence de ma précédente saga qui était remplie de références à la pop-culture, on est ici sur quelque chose de plus « unique » que j’ai moi-même du mal à catégoriser. Je suis vraiment curieuse de savoir si j’arriverais au bout. Je me le souhaite, bien sûr. Mais je suis très intriguée par… moi-même, haha !
J’avoue que ce roman me sort complètement de ma zone de confort et je pense qu’il est la preuve que mon écriture mûrit, évolue et que je grandis en tant qu’autrice. Il y a encore 4-5 ans, je n’aurais jamais imaginé me lancer dans une telle histoire. Je l’aurais rangé dans la catégorie des « OVNIS / inclassables » qui ne pourraient satisfaire aucune maison d’édition. Je me rends compte que ce n’est pas le cas et qu’un peu d’originalité est bénéfique.
Mon second projet est, là aussi, complètement nouveau. Pour la première fois, je me lance dans la rédaction d’un thriller pour adultes. Si j’ai parlé de long en large et en travers de ma passion pour les teen dramas et les teen movies qui expliquent pourquoi j’ai écrit sur Les Enchanteresses, j’aborde moins souvent ma fascination pour les trues crimes, thrillers et autres œuvres frissonnantes/glaçantes/perturbantes. J’ai pourtant réalisé un épisode de podcast sur les serial killers (qui a super bien marché, merci, merci, merci !), si vous suivez mes recommandations cultures depuis quelques années, vous aurez remarqué que les trillers et true crimes reviennent régulièrement autant en livres qu’en séries. Mais je n’ai jamais creusé ce sujet avec vous. Pour le coup, ce premier projet (car j’en ai plusieurs concernant les thrillers) se range dans la catégorie des thrillers psychologiques. C’est donc une histoire assez angoissante et haletante où j’ai la volonté de perturber mon lectorat. Là aussi, je suis curieuse de savoir si je vais arriver au bout… je me le souhaite car il me tient très à cœur !
Même si je suis moins présente sur Instagram pour me consacrer entièrement à l’écriture, j’ai prévu de vous livrer quelques courts extraits de ces premières versions de manuscrit afin que vous ayez une idée de mes avancées, de l’atmosphère qui s’en dégage et aussi de mon style d’écriture. Forcément, ma plume évolue à mesure que j’écris et j’ai envie de conserver quelques traces. Et puis, comme pour les Enchanteresses, partager mes avancées (même de façon succincte) me motive.
Alors, gardez l’œil ouvert ! 👀
À bientôt, Sophie.
(et désolée pour les fautes, il est 1h45 et cette lettre fait PLUS DE 5000 MOTS, damn it)
Incroyable! J'espère que tu vas mener à bien ces nouveaux projets d'écriture qui donnent envie d'être lu (et en attendant ça me permettra de lire ta saga des Enchanteresses... Oupsi)
Cette newsletter était incroyable, merci Sophie ❤️